La vague rouge s’impose à la Chambre, pas au Sénat
états-unis
Le Parti démocrate américain a perdu presque 60 sièges à la Chambre des représentants, mais conserve le Sénat, où malgré la poussée du mouvement «patriote» du Tea Party, les républicains échouent à reprendre la majorité. Tout un symbole, le siège d’Obama dans l’Illinois passe à un républicain. Il n’y a plus d’élu noir au Sénat. En Californie, le gouverneur successeur d’Arnold Schwarzenegger sera démocrate. Par ailleurs l’Etat rejette la légalisation complète du cannabis. Enfin pour la première fois, deux Hispaniques ont été élus gouverneurs
Il y a deux ans, en ce même début novembre, les Etats américains tombaient les uns après les autres dans l’escarcelle démocrate, conquis par la personnalité de Barack Obama et séduits par les espoirs que soulevait cette candidature inhabituelle. Ce mardi, ces Etats sont redevenus rouges (la couleur républicaine), les uns après les autres. Les républicains devaient emporter 39 sièges pour s’assurer la majorité à la Chambre des Représentants. Ils ont obtenun gain d’au moins 59 sièges, ce qui transforme leur victoire en un raz-de-marée comparable au mouvement de balancier qui avait sanctionné le président démocrate Bill Clinton à mi-mandat, en 1994.
Les secteurs ruraux et populaires de l’Amérique, le Midwest, les électeurs indépendants… Ces segments de l’électorat qui avaient fait basculer l’Amérique à gauche il y a deux ans sont revenus à leurs premières amours en faisant bloc derrière les républicains. Le mouvement du Tea Party, qui a servi de locomotive à la droite en s’opposant de front à Barack Obama et en défendant un programme radical qui inclut parfois la suppression du Département de l’Education ou de l’Energie, a particulièrement bien résonné aux oreilles de la population blanche âgée de plus de 60 ans ainsi que de ceux qui se proclament indépendants.
Au Sénat, toutefois, les républicains ne sont pas parvenus à gagner les 10 sièges supplémentaires nécessaires pour atteindre la majorité de 51 élus. Selon des résultats pas encore définitifs, ils ont gagné 6 sièges et 3 sièges sont encore en balance. Au Delaware, la candidate Christine O’Donnell qui était devenue l’emblème de la révolte du Tea Party en s’imposant dans le camp républicain, lors des primaires, face à un candidat de «l’establishment», a été largement battue par son rival démocrate Chris Coons. D’autres membres du Tea Party, comme Rand Paul dans le Kentucky ou Marco Rubio en Floride, ont toutefois été élus en défendant des positions iconoclastes, qui les auraient placés tout à la marge du parti républicain il y a seulement quelques années.
A la Maison-Blanche, il y aura sans doute matière à méditer devant l’incapacité à prévoir l’arrivée de cette vague rouge et aux moyens d’y faire face. Ce sont les questions économiques, et principalement le taux de chômage qui avoisine les 10% depuis près d’une année qui expliquent en grande partie ce mécontentement des électeurs, ajouté à la personnalité et aux origines du président Barack Obama, qu’une grande partie de l’Amérique blanche a aujourd’hui rejeté comme un corps étranger. Mais si les deux prochaines années vont être difficiles pour le président, elles risquent aussi de le devenir pour les républicains, qui devront traduire en actes concrets leurs promesses parfois fantaisistes. Une tâche qui est encore compliquée par leur manque de réussite au Sénat. Sans compter le fait que Barack Obama dispose d’un droit de veto face aux initiatives du législatif, un droit dont il ferait sans doute usage si les républicains venaient à attaquer de front ses principales réussites, comme la réforme de l’assurance-santé ou la régulation du système financier.