Le Caire retenait son souffle lundi, après l’annonce dimanche d’une intervention imminente de la police. Des fuites émanant de sources proches du gouvernement égyptien ont laissé planer la menace d’une action «à l’aube», pour évacuer les manifestants pro-Morsi, barricadés depuis six semaines avec femmes et enfants sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda, au Caire, pour réclamer le retour du président – élu en juin 2012 et destitué par l’armée le 3 juillet. Les interventions sanglantes du mois dernier sont encore dans tous les esprits: le 8 juillet, 51 partisans des Frères musulmans ont péri sous les balles des soldats à Nasr City. Le 27 juillet, dans le même quartier, un nouvel assaut a fait au moins 72 morts dans le camp pro-Morsi. En tout, depuis le 3 juillet, 250 personnes ont perdu la vie dans des heurts entre manifestants et forces armées.

Pressions occidentales

Les islamistes se préparaient déjà à l’assaut, se procurant des masques à gaz et renforçant leurs barricades à l’aide de sacs de sable et de murs de briques, tandis que des nouveaux manifestants affluaient. Mais la journée d’hier s’est terminée dans le soulagement général: la police n’a pas bougé. Les pressions des Occidentaux, qui menacent de couper les aides financières à l’Egypte en cas de nouveau bain de sang, poussent l’armée à la prudence, affirme Ahmed Mahmoud, du quotidien Al-Ahram Online .

La semaine dernière, une série de médiateurs ont défilé au Caire pour tenter de trouver une réponse pacifique au conflit qui oppose les Frères musulmans et les nouvelles autorités installées par l’armée. En vain: mercredi, le président par intérim, Adly Mansour, annonçait l’échec des médiations internationales et en imputait la responsabilité à la confrérie. Et l’état actuel de tension ne laisse augurer d’aucune issue rapide à la crise.

Selon une observatrice de la vie politique égyptienne, qui a passé la nuit de dimanche à lundi auprès des manifestants, les Frères musulmans cherchent à faire monter la pression sur les dirigeants pour s’assurer une présence sur la scène politique, avec ou sans Mohamed Morsi. Hier, la justice égyptienne a annoncé qu’elle prolongeait de quinze jours la détention préventive du président déchu .