Varsovie applaudit à l’encerclement de la Russie par l’OTAN
Europe
Selon Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense, la volonté affichée de Moscou et sa politique de déstabilisation de ses pays voisins représentent un risque à la sécurité et à la démocratie dans le continent

Après avoir installé un bouclier antimissile en Roumanie le mois dernier, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a donné le feu vert la semaine dernière au renforcement de sa présence militaire dans les pays Baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) et en Pologne. Dès 2017, quatre bataillons d’environ 5000 hommes de combat seront déployés dans les quatre pays. L’alliance transatlantique envisage aussi de dépêcher des unités terrestres en Roumanie, et d’y entreposer des équipements militaires.
A trois semaines de son prochain sommet, le 8 et 9 juillet à Varsovie, l’OTAN poursuit ainsi sa politique de fermeté à l’égard de la Russie et sa stratégie de l’encercler avec des forces navales, aériennes et terriennes. Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense, applaudit. «C’est une politique nécessaire face à un adversaire qui mène une politique de déstabilisation dans son voisinage», a-t-il déclaré à Bruxelles à la fin de la semaine dernière.
Considéré comme l’un des faucons du pouvoir conservateur polonais, Antoni Macierewicz a d’emblée affirmé que la volonté affichée de Moscou de retourner à la période de la Guerre froide représente des risques à la sécurité de pays voisins ainsi qu’à la démocratie en Europe. «Le président russe Vladimir Poutine ne comprend que le langage de la force, a-t-il dit. Il y a deux ans, il a attaqué le Dombass à l’est de l’Ukraine. Puis, il a choqué tout le monde en annexant de force la Crimée qui est un territoire d’un Etat souverain.»
«Nous pensions que le continent européen ne connaîtrait plus la guerre, a poursuivi le ministre polonais. Mais la Russie l’a de nouveau plongé dans la peur.» Selon lui, la déstabilisation de la Géorgie et la création des Etats fictifs de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en 1992, l’accident de l’avion présidentiel polonais dans le Smolensk en 2010, les tirs qui ont abattu l’avion de Malaysia Airlines dans le ciel ukrainien en juillet 2014 et la volonté de saboter le projet du Partenariat oriental de l’Union européenne montrent que la Russie poursuit une logique de déstabilisation et de destruction.
Antoni Macierewicz, historien de profession, a fait remarquer que la Russie, qui a pourtant donné au monde de grandes figures de la science, de la philosophie, de l’art et la culture, se nourrit des tensions permanentes. La Russie des tsars, l’Union soviétique puis la Russie de Poutine suivent cette même logique. «En fin de compte, les Russes ne supportent pas de respecter des règles ou des standards qui ne sont pas issus de chez eux», a-t-il dit.
Sur un ton plus belliqueux, le ministre polonais de la Défense a fait allusion à la modernisation de l’armée russe, ce qui selon lui justifie largement des augmentations des budgets militaires des pays membres de l’OTAN. Antoni Macierewicz a par ailleurs tenu à démentir une information selon laquelle son ministère mettait en place une brigade paramilitaire dotée des grands moyens et qui serait appelée à effectuer des tâches spéciales à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. «Je suis stupéfait par ces accusations, a-t-il répondu. Notre objectif est de réorganiser une milice qui s’était créée entre 2014 et 2015 spontanément parmi la population pour défendre le pays. Nous voulons l’intégrer dans les forces armées régulières.»
Enfin, le ministre polonais a tenu à commenter les propos de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier qui a, à plusieurs reprises, critiqué le discours belliciste de la Pologne à l’égard de la Russie. Dans une interview publiée dimanche dans le Bild, il a de nouveau souhaité que l’Alliance cesse d’«envenimer la situation avec des cris guerriers et des bruits de bottes». «Je crois que les Allemands ne sont pas réellement opposés au renforcement militaire à l’Est car ils sont conscients des risques de sécurité que pose la Russie, a-t-il dit. En revanche, il y a un vrai problème entre la Pologne et l’Allemagne, qui doit être résolu.» Le ministre a fait référence à la minorité polonaise, un million de personnes, en Allemagne et dont, selon lui, les droits ne sont pas respectés.