La publication des enquêtes consécutives aux données soustraites en 2008 par Hervé Falciani à HSBC Private Bank a révélé des surprises de taille. Parmi elles, le Venezuela qui se hisse au troisième rang – derrière la Suisse et le Royaume-Uni – des pays dans l’importance des montants placés au sein de la banque. Soit 14,79 milliards de dollars, c’est-à-dire la somme totale déposée sur ces comptes dès 2005. Qui se cache derrière ces chiffres astronomiques?

Les enquêteurs vénézuéliens Joseph Poliszuk et Emilia Díaz-Struck, dont le média Armando.info est partenaire du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) qui a travaillé sur l’opération SwissLeaks, ont remonté le fil. Le duo a découvert que l’actuel ministre vénézuélien des Finances avait ouvert un compte au sein de la filiale suisse de HSBC en 2005. A l’époque, cet officiel était alors président de la banque du Trésor. Cette banque d’Etat a été créée la même année par le défunt président vénézuélien Hugo Chavez. D’autres comptes sont ouverts par la suite.

Derrière la signature des bordereaux d’ouverture se cache Alejandro Andrade. Cet ancien garde du corps de Hugo Chavez officiait en tant qu’avocat du Trésor avant d’en prendre les commandes de 2007 à 2010. Alejandro Andrade a aussi présidé la Banque de développement économique et social du Venezuela désormais connue sous le nom de Bandes dès 2008. Cette banque d’Etat a d’ailleurs fait l’objet de poursuites aux Etats-Unis ciblant quatre individus. La justice américaine les accusait d’avoir versé – entre autres – des pots-de-vin au vice-président de Bandes. Mais le nom d’Alejandro Andrade ne faisait pas partie de l’acte d’accusation.

Selon les SwissLeaks, ce proche de Hugo Chavez disposait de 11,9 milliards de dollars sur un seul compte. En 2007, par comparaison, le PIB s’élevait à 8300 dollars par habitant. Joseph Poliszuk et Emilia Díaz-Struck n’ont pas été en mesure de recueillir les commentaires de Alejandro Andrade, muet depuis la publication de l’enquête. Tout comme Caracas, qui n’a pas évoqué ces révélations. Mais selon les deux journalistes, plusieurs députés de l’opposition exigeraient une commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur cet argent déposé en Suisse.