Ouvrir ainsi la première session plénière de la nouvelle assemblée est révélateur. Même si le parlement européen nouvellement élu affiche haut et fort son ambition de peser davantage dans la balance politique de l’UE, son influence continuera de dépendre de deux facteurs incontournables: le poids des gouvernements, prompts à faire passer des consignes de vote à leurs élus nationaux, et la nécessité impérative de trouver des coalitions au moment des votes décisifs.
La meilleure preuve de cette contrainte a été donnée a contrario ce mardi matin par Daniel Cohn-Bendit. Le coprésident du groupe «Vert» a réitéré à Strasbourg son refus d’entériner la candidature à un second mandat du président sortant de la Commission, le conservateur José-Manuel Barroso. L’eurodéputé franco-allemand a même proposé une autre personnalité de droite: le Britannique Chris Patten, ancien commissaire aux relations extérieures entre 1999 et 2004, et actuel coprésident de l’International Crisis Group. Mais la règle d’airain des manœuvres entre groupes politiques devrait prévaloir. D’autant que M. Barroso a reçu vendredi dernier le soutien formel et unanime des vingt-sept Etats membres, en vue de son investiture à l’automne par l’europarlement.
La dernière question restant à trancher, pour le sort de l’ancien premier ministre portugais, est celle du moment du vote: soit en septembre, avant le référendum irlandais du 2 octobre sur le Traité de Lisbonne, dont l’entrée en vigueur éventuelle modifiera l’équilibre institutionnel et créera de nouveaux postes clefs à la tête de l’UE; soit après . Ce qui semblerait logique puisque les socialistes s’étaient opposés, pour ce motif précis, à une investiture dès la mi-juillet, pourtant voulue par l’actuelle présidence suédoise de l’Union européenne.