Selon le quotidien libanais de langue française L'Orient-Le Jour,

les habitants qui n'ont pas fui les villages du sud dévastés organisent des patrouilles pour empêcher les combattants intégristes de déployer des armes à partir des zones peuplées et d'attirer sur leurs villages les foudres de Tsahal.

Pour Ibrahim, un sexagénaire qui a travaillé des années dans le Golfe et en Afrique avant de rentrer chez lui, cette précaution est arrivée trop tard. «Il était 1 heure du matin, mercredi, et nous étions sans électricité. Nous avons entendu des gens parler: c'était les combattants du Hezbollah. Ils ont installé un lance-missiles sur le toit et ils en ont tiré au moins cinq», souligne-t-il. Il ne lui restait plus qu'à fuir. «Nous sommes tous sortis pour nous abriter au bas du village», raconte Hassan devant les ruines de sa maison.

Pris dans le feu croisé d'une guerre qui n'est pas la sienne, Ibrahim, suivi de sa femme et de ses sept enfants, a rejoint la cohorte des déplacés qui sont les victimes du face-à-face entre Israël et le Hezbollah. Et il a gagné Rmeich, un autre village chrétien du secteur où des milliers d'habitants de la région se sont mis à l'abri. A Rmeich aussi, les combattants du Hezbollah sont venus tirer des missiles contre les positions de l'armée israélienne et contre le nord de l'Etat hébreu. Mais ils ne l'ont fait qu'une fois: «Depuis, toutes les nuits, des jeunes gens patrouillent dans les quartiers pour empêcher que le Hezbollah ne vienne provoquer des morts», affirme un habitant. Identifier les combattants n'est pas chose facile, assure l'un de ces jeunes gens: «Ils sont habillés comme nous, en tee-shirt et pantalon, mais d'autres sont en uniforme militaire.» Selon d'autres témoignages, les combattants du Hezbollah tentent également d'empêcher les civils de quitter leurs villages: «Ils veulent nous empêcher de partir d'ici», affirme une femme de la région, qui ne veut pas dire son nom.