Les Vingt-Huit sont divisés sur la Russie
Union européenne
La désescalade dans la crise Russie-Ukraine n’est toujours pas en vue. Un chercheur estime qu’il est temps de livrer des armes à l’Ukraine

Les Vingt-Huit sont divisés sur la Russie
Europe La désescalade dans la crise Russie-Ukraine n’est pas en vue
Les Vingt-Huit se sont gardés de prendre de nouvelles sanctions
L’Union européenne (UE) serait de plus en plus désemparée face à la crise Russie-Ukraine. Et divisée. En dépit du Protocole de Minsk signé en septembre, le regain de violence depuis une semaine montre que la désescalade n’est toujours pas au rendez-vous. Le conflit qui a commencé en avril 2014 a déjà fait plus de 5000 morts et des milliers de blessés, sans parler d’une catastrophe humanitaire de grande ampleur qui frappe 1,4 million de personnes.
Tel est le contexte dans lequel les ministres européens des Affaires étrangères se sont retrouvés en réunion d’urgence jeudi à Bruxelles. Finalement, ils se sont donné jusqu’au 9 février la possibilité d’ajouter de nouveaux noms à la liste noire de personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine. Les sanctions ciblées adoptées en mars 2014 après l’annexion de la Crimée contre des personnalités pro-russes et russes ont été prolongées de six mois, jusqu’à septembre. Par ailleurs, une rencontre devrait avoir lieu ce vendredi à Minsk en présence du gouvernement ukrainien et des rebelles.
L’Estonie, qui occupe la présidence tournante de l’UE jusqu’à fin juin 2015, est partisane d’une ligne dure. Après le drame de Marioupol samedi dernier, son ministre des Affaires étrangères, Edgars Rinkevics, a appelé, sur son compte Twitter, à isoler et à sanctionner davantage Moscou. La position estonienne a reçu le soutien du président du Conseil européen, Donald Tusk, un Polonais. Pour des raisons historiques, la Pologne et les pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) sont favorables à une position plus ferme vis-à-vis de la Russie.
Mais, selon des diplomates à Bruxelles, Donald Tusk serait allé un peu vite en besogne. Avant de lancer son appel en faveur des sanctions, il n’aurait même pas consulté Federica Mogherini. La cheffe de la diplomatie européenne est plutôt favorable à un rapprochement avec Moscou pour autant qu’il mette en œuvre le Protocole de Minsk, qui prévoit un cessez-le-feu et le retrait des militaires et d’armes russes du territoire ukrainien. Elle plaide pour l’ouverture d’un dialogue critique avec la Russie, dont l’apport est crucial dans des dossiers internationaux comme la Syrie et l’Iran.
La stratégie de Federica Mogherini n’est pas isolée. L’Allemagne, qui se débat pour convaincre le président russe de revenir à la raison, n’est pas favorable à de nouvelles sanctions. «Nous ne voulons pas nous-mêmes provoquer une escalade», a déclaré hier le vice-chancelier, Sigmar Gabriel, tout en assurant que Berlin n’hésiterait pas à sanctionner Moscou si les séparatistes tentaient de conquérir de nouveaux territoires.
La position française n’est pas très différente. «Il faut revenir au dialogue politique», a déclaré son secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir. L’Autriche, la République tchèque et la Slovaquie ont aussi affirmé leur «scepticisme» quant à l’adoption de nouvelles sanctions à l’issue d’une rencontre trilatérale hier à Vienne. La Grèce avait déjà fait part mercredi de son opposition à tout durcissement.
Mercredi soir, les Etats-Unis ont menacé Moscou de nouvelles mesures, affirmant que «le prix à payer continuera d’augmenter si la Russie ne cesse pas de soutenir les séparatistes ukrainiens». Cette ligne est aussi celle de German Marshall Fund, un centre international d’analyses politiques. Directeur de la section polonaise, Michal Boronowski affirme qu’il est temps d’élargir le dialogue entre l’Allemagne, la France, la Russie et l’Ukraine, qui n’a pas produit beaucoup de résultats. Selon lui, la présence des Etats-Unis et de l’Union européenne à la table des négociations pourrait être décisive.
Face aux rebelles soutenus par la Russie en armes et en hommes, ce que Moscou nie toujours, Michal Boronowski a appelé les pays occidentaux à fournir des armes défensives à l’Ukraine. Selon lui, l’OTAN devrait renforcer sa présence dans la région dans un but dissuasif. «Le problème est que nous ne voyons pas la Russie cesser sa campagne de déstabilisation de toute une région», explique-t-il.
«Le dialogue entre la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine ne produit aucun résultat»