Le 9 novembre 1989, la chute du mur de Berlin signe la défaite du communisme. Ne reste que le libéralisme triomphant. Trente ans plus tard, celui-ci fait face à une crise existentielle qui se manifeste par les inégalités, les populismes et le défi climatique. Peut-on sauver le libéralisme? C’est le thème d’une série d’articles que nous proposons cette semaine.

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C’était juste après la crise des dotcoms en 2000 et Klaus Schwab se voyait comme un berger, menant son troupeau qui s’était égaré dans le mirage des sociétés internet. Ensuite, il y a eu la crise de 2008 et aujourd’hui la remise en question de tout le système à cause de ses impacts sociaux, environnementaux et politiques.

Malgré ces soubresauts, le professeur d’économie, qui a aussi un diplôme d’ingénieur, veut trouver des solutions pour un monde meilleur. «Quand j’ai créé le forum en 1971, nous étions 4 milliards de personnes sur la planète contre 8 aujourd’hui. Regardez la technologie: internet n’existait pas il y a 50 ans. Ces changements permanents obligent nos politiques à une remise en cause constante.»

Le Forum de Davos, qui fêtera en 2020 sa 50e édition, reste une plateforme mondiale unique pour les grandes entreprises, les gouvernements et la société civile. Aucun de ces concurrents n’est parvenu à attirer autant de leaders, jusqu’à 50 chefs d’Etat et de gouvernement, sur une si longue période.

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Les bouleversements ne vont pas s’arrêter pour le professeur Schwab, 81 ans, qui en a vu d’autres. «Les gens sont devenus plus égoïstes. Cela s’explique par la rapidité du changement. Dans ce moment de turbulences, la réaction naturelle de chacun consiste à vouloir protéger ce qu’il a. Au niveau des pays, cela donne des politiques nationalistes.»

Des gagnants et des perdants 

Dans Modern Enterprise Management in Mechanical Engineering, un livre publié en 1971, Klaus Schwab mettait en avant que l’entreprise n’est pas seulement responsable de ses actionnaires mais de tous ceux qui dépendent d’elle, les stakeholders. Un demi-siècle plus tard, ce dernier tire un bilan pondéré. «La globalisation a sorti de la pauvreté des centaines de millions de personnes. Mais elle a aussi créé des gagnants et des perdants. Les premiers ont été plus nombreux dans les pays en voie de développement et les seconds – à un certain degré – dans les pays industrialisés.»

Ce qui pouvait être accepté dans une phase de forte croissance ne l’est plus aujourd’hui. «Les perdants ont une voix amplifiée à travers les réseaux sociaux. Prenez les «gilets jaunes», ils ne représentent pas une majorité. Mais ils ont une influence significative. Il faut trouver un équilibre en continuant sur la voie multilatérale mais en s’assurant aussi que l’on préserve la cohésion sociale dans chaque pays. C’est une condition nécessaire pour conserver un système démocratique.»