Au Yémen, les deux tiers de la population ont besoin d’aide humanitaire
Yémen
Les Nations unies estiment à 18,8 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire. Sept millions sont directement menacés de mourir de faim

Aussi crus soient-ils, les chiffres fournis par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) parlent d’eux-mêmes. Au Yémen, 18,8 millions de personnes, soit deux tiers de la population du plus pauvre pays de la région, ont besoin d’une aide humanitaire dont 10,3 millions dans l’urgence. Sept millions sont immédiatement menacés par la famine. La guerre qui fait rage depuis deux ans entre la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis a déjà fait près de 7700 morts et 42 500 blessés. Elle exacerbe une situation humanitaire déjà catastrophique. L’économie et les filets de protection sociale s’effondrent.
Selon Jamie McGoldrick, coordinateur d’Ocha, qui parlait mardi par téléphone du Yémen, les hôpitaux ne fonctionnent qu’à 55% et ne fournissent pas les soins nécessaires en raison d’une pénurie d’infirmières et de docteurs ainsi que de carburants. Le blocus humanitaire provoqué par le conflit rend l’approvisionnement extraordinairement difficile. Même si le port d’Aden et celui Hodeida, lequel a subi récemment des frappes aériennes de la coalition arabe, permettent encore d’acheminer tant bien que mal de l’aide alimentaire, celle-ci est largement insuffisante en dépit des efforts onusiens pour soutenir quelque six millions de personnes chaque mois.
Stephen O’Brien, patron d’Ocha, en appelle aux belligérants à garantir l’accès de l’aide humanitaire. L’ONU espère pouvoir aider environ 12 millions de personnes. «L’augmentation des pénuries alimentaires a laissé quelque 1,1 million de femmes enceintes souffrant de malnutrition», relève le Fonds des Nations unies pour la population. Selon ce dernier, plus de 10 000 cas de violences ont été recensés en 2016, indiquant une forte tendance à la hausse: viols, violences domestiques, mariages forcés de jeunes filles, abus physiques et psychologiques à l’encontre des femmes et des filles.
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7% de la somme promise
La malnutrition n’est pas la seule calamité qui touche les enfants qui paient un très lourd tribut à la guerre. L’an dernier, 1500 enfants ont été tués et 2450 blessés. Quelque 1600 ont été recrutés pour aller se battre. 212 écoles ont été attaquées durant la même période.
Le coordinateur d’Ocha au Yémen, Jamie McGoldrick, tire la sonnette d’alarme: «Sur les 2,1 milliards de dollars requis pour faire face à la crise, a-t-il souligné mardi, nous n’avons obtenu que 7% de la somme promise. J’espère que nous arriverons à corriger le tir lors d’un sommet qui aura lieu le 25 avril prochain et où les Etats seront sommés de financer l’aide humanitaire pour le Yémen.»