Il n’y aura pas, comme en 2005, d’arrangements interpartis engendrant l’élection tacite du Conseil d’Etat neuchâtelois. Déclenchant un flot justifié de frustrations. C’est tant mieux. Par respect du système. Etre élu en un tour implique le soutien d’un électeur sur deux. Personne, même pas Jean Studer, n’y est parvenu.

La légitimité et la crédibilité du prochain gouvernement passent donc par un second scrutin. Surtout que les électeurs ont compris les nuances entre premier et second tours. Dimanche, ils ont sanctionné et renvoyé Roland Debély, brandi un carton jaune à Fernand Cuche et donné une majorité de gauche au parlement. Mais ils n’ont pas élu les ministres.

Un second tour s’impose car les partis n’ont pas pris leurs responsabilités en envoyant une meute de candidats dans l’arène, laissant au peuple le soin de trier. On verrait mal, aujourd’hui, les partis s’arroger le droit de composer, en catimini, «leur» Conseil d’Etat.

Un deuxième tour est encore nécessaire, car il permettra de vérifier si les candidats encore en lice ont la carrure pour gouverner. C’est acquis pour Jean Studer, Gisèle Ory et Frédéric Hainard. Les autres doivent convaincre. La campagne servira à cela.

L’élection différée du Conseil d’Etat offre enfin, avec du recul, le choix entre concordance des majorités et cohabitation. Si le canton de Neuchâtel reste sur quatre ans faits de rigueur et de réformes, afin d’assainir la trésorerie, la législature qui s’annonce sera au moins aussi difficile, à cause de la crise. Il serait préférable que parlement et gouvernement tirent à la même corde.