Neuchâtel et Berne fustigent la suppression d’un des deux TGV
neuchâtel/berne
Baroud d’honneur des autorités des cantons et des villes pour faire revenir Lyria, filiale de la SNCF et des CFF, sur sa décision
En 1987, «Berne était la première ville non française connectée au TGV», rappelle le maire de la capitale fédérale, Alexander Tschäppät. Par Neuchâtel-Dijon-Paris. Une ligne en danger. En décembre 2007, l’une des trois paires de TGV quotidiens était supprimée. En décembre prochain, l’un des deux allers-retours restants passera à la trappe.
La société Lyria (appartenant pour 26% aux CFF et 74% à la SNCF) qui exploite les lignes TGV vers la Suisse l’a abruptement annoncé en mai, arguant du manque de rentabilité de la desserte du matin. La SNCF aurait déjà affecté la rame supprimée entre Berne et Paris à une autre ligne dans le sud de la France.
«Il est crucial que la résistance s’organise», clame la ministre bernoise des Transports, Barbara Egger-Jenzer. La Franche-Comté a déjà clamé son indignation. Mardi, les cantons de Berne et de Neuchâtel, peu habitués à agir de concert, ainsi que la Ville de Berne et en écho celle de Neuchâtel ont dit tout le mal qu’ils pensent de la décision de Lyria. Ils ont tenté d’intervenir auprès des CFF, «sans succès», constate la ministre bernoise. Face au Conseil national, Moritz Leuenberger a froidement constaté que la ligne TGV Berne-Paris «n’est pas rentable» et que «le nombre de voyageurs ne cesse de chuter». La SNCF n’a pas daigné répondre au canton de Neuchâtel.
Une affaire de cœur
Alors, Berne et Neuchâtel ont organisé un baroud d’honneur public, devant une vingtaine de médias. Ils contestent l’absence de rentabilité. «Les chiffres le prouvent, le nombre de passagers dans les trains est comparable à celui enregistré dans les TGV à partir de Bâle, affirme Barbara Egger-Jenzer. Le tronçon Berne-Paris n’est pas déficitaire.»
Pour rallier la capitale française, les Bernois de la ville peuvent choisir de passer par Bâle ou par Neuchâtel. La durée du trajet est similaire. «Avec l’avantage décisif de la liaison directe par Neuchâtel», précise la ministre bernoise. Notant qu’il n’y a que 5 minutes pour changer de train à Bâle. Mais Berne tient à «son» TGV de capitale à capitale.
«A côté des chiffres qui nous gouvernent, il y a des symboles qu’on ne peut ignorer, renchérit Claude Nicati, ministre neuchâtelois de la Gestion du territoire. Il y a une composante économique et politique. Et d’image. Nous affirmons que le signal donné par les CFF, la SNCF et Lyria est faux. A l’heure de la promotion du train, la suppression de rames TGV passe très mal.»
Le sénateur bernois Werner Luginbühl y va de son couplet en affirmant que la suppression d’un TGV va à l’encontre des objectifs stratégiques consistant à développer un réseau de liaisons aux lignes à grande vitesse européennes.
«Je ne suis pas optimiste», concède Claude Nicati. Qui évoque alors de possibles solutions de substitution. L’une consistant à remplacer le TGV entre Berne et Frasne. «Ou peut-être que la meilleure solution pour aller à Paris en train est de prendre sa voiture jusqu’à Vallorbe», ironise-t-il. Admettant avoir obtenu la garantie de la pérennité de la liaison TGV entre Berne et Paris.
Pendant que Berne et Neuchâtel se lamentent, Lyria «célèbre les deux ans du TGV Est européen». Entre Zurich, Bâle, Strasbourg et Paris. Lyria se félicite du succès de la ligne: plus de 1,5 million de passagers depuis juin 2007. En 2010, les dessertes quotidiennes Zurich-Paris passeront de trois à cinq. A partir de décembre 2011, avec la mise en service de la branche Est du TGV Rhin-Rhône, 30 minutes seront gagnées. Il ne faudra que 3 heures pour parcourir Bâle-Paris et 4 pour Zurich-Paris, avec six TGV quotidiens. Alors qu’il faut 3h58 pour aller de Neuchâtel à Paris et 4h38 depuis Berne.