Il paraît que la Radio Suisse romande collabore avec la station locale genevoise Radio Lac. Vous avez aussi entendu ça, vous? Le mardi 21 avril, il fallait être sourd, ou détester la RSR, pour rater l'annonce de ce rapprochement médiatique sur La Première: matinales en direct de Genève, débat avec les chefs à midi, rappel à chaque infopile, «Forum» sur le sujet, le dispositif tournait à plein. D'autant que la presse écrite, notamment Le Temps, l'a analysé sous toutes ses coutures.

C'est une première dans le paysage radio, admettons. L'auditeur se souvient pourtant qu'à la centrale lausannoise de la RSR, certains craignaient ouvertement ce choc de la culture «déontologique» de la Vénérable Romande face à Radio lac, vénéneuse station privée vendue à la pub et à l'autopromotion. Il remarque aussi que sur les ondes de Radio Lac, on ne parlait pas de ce rapprochement. Tout juste une note glissée en fin de þash, comme en s'excusant, sur le ton: «Ah, au fait, on va bosser avec la RSR. Et maintenant, la météo.»

Un jour après le mariage, la RSR y revenait encore, comme si cela ne suffisait pas. Un commentaire nous expliquait les enjeux cachés de la manœuvre: résister à la concurrence des réseaux français.

Grande nouvelle! Sur Lac, on détaillait le déficit de l'Etat de Genève. On donnait de l'information à son public, quoi, sans feindre le détachement de soi. L'auditeur comprend ainsi que la «déontologie» est une notion mobile, surtout lorsqu'elle n'est pas très éloignée du nombril.