S'il y avait eu match, la radio aurait perdu aussi tristement que le Brésil. La finale de la Coupe du monde de football, dimanche soir, a prouvé, s'il le fallait encore, les limites de la radio. Il suffisait pour s'en convaincre de comparer TF1 à la chaîne spéciale de Radio-France mise sur pied sur 98 FM.
On passe sur les commentaires, qui se valaient, la ra-
dio publique s'économisant même le pathétique guignolesque du tandem de TF1. Mais lorsque les deux médias s'efforçaient de déployer l'événement, avant et après le match, la chaîne radio étonnait par son animation poussive – «l'ambiance est, eh bien, très chaude ici», son zapping géographique laborieux et ses tâtonnements – «on ne sait plus si l'équipe du studio 101 peut continuer à tenir l'antenne, tournons-nous vers Lille…».
Sur TF1, au contraire, la poupée envoyée sur les Champs-Elysées qui se plaignait d'avoir «de la bière et du champagne dans les yeux» prenait une dimension authentiquement spectaculaire. En outre, on la voyait peiner devant la caméra en parallèle à son collègue cravaté vociférant à Marseille ou au pauvre bougre qui tentait en vain d'en placer une à Bordeaux, absorbé par une horde de fans hystériques. L'ubiquité qu'offrait la télé ce soir-là, fut-elle hilarante de maladresse, renvoyait les équipes de radio à leurs micros. On peut d'ailleurs parier que dans le studio 101, ils avaient les yeux humides braqués sur… un téléviseur.