Emouvant exercice de réalisme politique sur les ondes de Tribune de première, dimanche matin. Dans le rôle des accoucheurs, Pierre Luyet et Daniel Favre. Endossant le costume du Calimero de l'action sociale genevoise, le conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond, encore sous le coup du refus populaire du réseau hospitalier le 7 juin dernier.
Humainement, l'interview fut riche. Rarement un politique a tant manié le principe de réalité comme élément central de son discours. Le Rhuso, bébé de M. Segond, a échoué après des années de négociations? «C'est la réalité». La Confédération devra s'emparer de ces projets intercantonaux que les électeurs balaient, ça le rend pessimiste? «Je ne suis pas pessimiste, mais réaliste. Les choses sont ainsi». Dur dur, la politique? «Non, c'est comme ça». GOS invente l'overdose idéologique de réalisme.
Radiophoniquement, l'exercice se révèle instructif. Toujours à l'avant-garde chronologique des médias, la radio ne paraît pas, en principe, destinée au retour, au recul et à l'analyse après-coup. Dans le partage du travail médiatique, cette fonction revient plutôt à l'écrit. Surtout lorsqu'on la situe plus d'une semaine après l'événement, un délai considérable pour le média à la diffusion la plus rapide. A moins de contourner la difficulté en se focalisant sur un discours, ce que proposait cette Tribune. Détachée de l'urgence, la politique à l'antenne acquiert soudain une authentique consistance.