Vu. Claude et Claudia, par Isabelle Guisan
Trente ans après Mai 68 sur les pavés romands: l'anniversaire remue le temps, brasse images et témoignages, ici comme en France. Il nous a valu, hier soir sur la TSR, un volet noir-blanc au téléjournal avant le film de Jean-Stéphane Bron, Connu de nos services, tourné récemment autour de Claude Muret, militant de la gauche estudiantine vaudoise de l'époque.
Quel étrange sentiment de voir propulsée sur son poste de télévision une période de sa propre vie qui, aujourd'hui, est devenue passé et donc Histoire. Quelle étrange expérience de voir des moments enfouis, qui par instants remontent silencieusement du fond de soi, faire soudain la une pour cause de commémoration. Quelle étrange familiarité face aux visages filmés, lisses hier, ridés aujourd'hui, ces visages côtoyés en 68 ou simplement entrevus dans la rue ou à l'université. Les écouter raconter avec l'accent leurs rêves et leur bilan, c'est prendre définitivement conscience que l'«alors» toujours vivant pour ceux qui l'ont vécu est devenu un «autrefois» pour des dizaines de milliers de téléspectateurs.
Autre chaîne, autres saveurs: au même instant, Claudia Schiffer est l'invitée de Guillaume Durand sur Canal +. Une heure de vide souriant qui confirme que la belle n'a non seulement rien à dire même si elle maîtrise le français, elle est en plus dure et rapace. Elle aime «faire des choses nouvelles», comme par exemple tourner une pub pour Citroën où elle a dû se protéger les genoux pour crasher la voiture et déployer son airbag. Claudia a été séduite par le «concept très nouveau» et les 3 millions de FF promis en cas de pépin. Oh, esprit de Mai 68…