sur les réseaux
«Videz vos MP3 car la musique, c’est Shéitan (le diable)». L’imam de Brest a tenu ces propos lors d’un cours d’éducation coranique, largement diffusé sur le web. Tollé
«Videz vos MP3 car la musique, c’est Shéitan (le diable)...Ceux qui écoutent de la musique seront transformés en singes et en porcs... C’est un risque.» C’est en mai 2014 que l’imam de Brest a tenu ce discours, devant quelques dizaines d’enfants, lors d’un cours d’éducation coranique dont lui-même a envoyé la vidéo à des parents, et diffusée à l’époque sur sa chaîne YouTube (85 000 abonnés). «Ceux qui écoutent de la musique peuvent aussi être engloutis.»
C’est probablement la récente participation de Rachid Abou Houdeyfa à l’effarant Salon musulman du Val d’Oise qui a réactivé la circulation sur le Net de la vidéo ces jours.
Relire. Le Salon musulman de Pontoise: le «padamalgame» qui conduit à la lâcheté (17.09.2015)
L’occasion de découvrir un imam salafiste 2.0 très bien connecté, et grand utilisateur des réseaux sociaux: certaines de ses vidéos sur YouTube approchent les 400 000 vues, sa page officielle Facebook compte 172 000 abonnés et son compte Twitter est suivi par 10 00 personnes. Sur tous ces canaux, Rachid Abou Houdeyfa se prononce sur la musique, les visites au zoo, les faux ongles, l’obéissance aux parents, la paresse, l’argent, l’usage des emails par les femmes... Il se veut pédagogue, direct, moderne, parle une langue de tous les jours qui passe bien. Son dernier message sur Twitter est pour rappeler aux parents qu’ils peuvent garder leurs enfants à la maison le jour d e l’Aïd: c’est autorisé par la loi.
Sur son profil, il se présente comme professeur, et sa chaîne YouTube fait partie de la sélection Education, comme C’est pas sorcier. Sauf que la musique ne fait donc pas partie de son enseignement. «Il s’agit d’une «séance d’endoctrinement... fort longue (40mn dans sa version originale), épuisante par son ineptie et scandaleusement dangereuse» écrit une Brestoise se disant inquiète et scandalisée, dans un message à la mairie et à la préfecture repris sur plusieurs blogs marqués très à droite (pourquoi faut-il que les comptes dénonçant ce type de messages soient si souvent estampillés bleu-blanc-rouge?). «Comment ces enfants qui subissent ce genre de lavage de cerveau une fois par semaine parviendront-ils à s’intégrer dans une société moderne et progressiste?»
La mairie et la préfecture se sont jusqu’ici abstenues de commenter.
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Aucun pays musulman aujourd’hui n’interdit les instruments mais la place de la musique dans l’islam alimente la controverse depuis toujours. Pour certains exégètes la musique est autorisée, instrumentale comme vocale, pour peu qu’elle ne soit pas utilisée à des fins matérielles ou sensorielles; pour d’autres et la voix et les instruments doivent être bannis. A l’inverse d’autres exégètes encore considèrent que le chant doit accompagner certaines circonstances de la vie (naissances, mariages...).