Quais de gare, abris de bus, rues piétonnes, salles de sport, rédactions. Les gros casques vissés sur les oreilles sont partout. Autrefois réservés aux DJ et autres régisseurs du son, les écouteurs ont profité de l’essor des smartphones pour s’offrir une nouvelle jeunesse. Le Temps a testé trois écouteurs haut de gamme, prêtés par le magasin en ligne Digitec.ch. Le modèle Pro de Beats by Dre (369 francs), le QuietComfort 15 de Bose (349 francs) et le MDR-1RNC de Sony (359 francs).

Le style

Après la faillite de son label Death Row Records en 2006, le rappeur américain André Romelle Young – plus connu sous le nom de Dr. Dre – a su rebondir. Son secret: faire des écouteurs un accessoire de mode. Lancée en 2008, sa marque Beats Electronics représente désormais plus de la moitié du marché américain haut de gamme (100 dollars et plus). Contre 20% pour Bose, leader historique de l’industrie.

Le modèle Beats Pro ne déroge pas à la règle. Disponible en noir ou en blanc, ce casque imposant se veut avant tout «hip-hop». On l’arbore autour du cou comme on porte une grosse paire de Nike aux pieds. Un sentiment d’appartenance encore renforcé par un large «beats by dr. dre» inscrit sur l’arceau en acier, un «b» sur chaque écouteur en aluminium et un câble rouge en serpentin qui s’enroule de la poche au casque.

Pour ceux qui n’ont cure de la dernière mode, la simplicité des écouteurs Bose conviendra davantage. Noir et acier. Rien de «bling-bling» à première vue. En surfant sur le site internet du fabricant américain, on remarque toutefois que ce dernier offre la possibilité de customiser ses écouteurs. A condition d’y mettre le prix, «46 couleurs brillantes» sont disponibles pour assembler soi-même son casque.

Le modèle de Sony, lui, ne propose que deux couleurs: marron ou noir. Le second, que nous avons eu entre les mains, confère un style sobre et épuré aux écouteurs. Une légère touche de rouge – entre la structure métallique de l’arceau et les coussinets – leur donne un côté sportif et élégant.

La qualité du son

Même si la plupart du temps ces casques servent à écouter des morceaux compressés au format MP3 – et donc de piètre qualité –, le rendu du son demeure important.

Les casques de Dr. Dre ont la réputation d’être orientés davantage vers les basses. Une particularité que l’ancien roi du rap revendique: «Vous allez ainsi pouvoir ressentir les basses résonner dans votre poitrine lorsque vous écouterez votre musique», explique-t-il. On confirme. De quoi plaire aux amateurs de Wu-Tang. Moins aux adeptes d’opéra.

Le modèle de Sony fait lui aussi la part belle aux graves. Même s’il délaisse moins les sons médiums et aigus que le Beats Pro. Le constructeur japonais, inventeur du walkman, s’appuie sur une longue expérience en matière d’audio. Un savoir-faire qui se ressent dès la première écoute.

Quant à Bose, le son qu’il produit est pur et authentique. Le vrai plus demeure toutefois son système antibruit, dont il est le précurseur.

La réduction de bruit

En fait, les trois modèles sont équipés d’un système de réduction du bruit. Même s’il est passif pour le Beats Pro. Un procédé qui permet d’atténuer les bruits de fond tel que celui du train ou de l’aspirateur (mais pas celui d’un bébé qui crie). De quoi profiter de Bob Dylan en toute tranquillité sur son canapé, même en présence de la femme de ménage. Davantage qu’un simple gadget, ce système permet aussi de préserver ses oreilles et celles de son voisin de tram.

L’atténuation du bruit extérieur est impressionnante chez Bose. Activez le bouton placé sur l’écouteur de droite et vous avez l’impression de partir pour un autre monde. Une sensation d’isolement renforcée par les grands signes de vos collègues qui essaient de vous parler en vain depuis cinq minutes… Sans musique, par contre, cette technologie issue de l’aéronautique peut provoquer un sentiment désagréable.

Autre inconvénient du système de Bose, l’impossibilité d’écouter sa musique sans avoir enclenché le mode réduction de bruit. Une dépendance aux batteries qui peut s’avérer problématique. Même si la marque promet une utilisation durant trente-cinq heures non-stop avec des piles AAA.

Le modèle de Sony offre également un tel système, mais contrairement à celui-de Bose, il ne nécessite pas l’usage de piles. Le casque se recharge directement via un câble USB (fourni à l’achat) à brancher sur son ordinateur. Le fabricant japonais promet vingt-deux heures d’autonomie. Il promet aussi «une suppression de 99,7% du bruit». Ce dont il est permis de douter.

Au final, le système de Sony paraît moins élaboré que celui de Bose. D’autant qu’un léger sifflement est audible lorsque la musique n’est pas enclenchée. «Il s’agit du son de la fonction réductrice de bruit et non d’un dysfonctionnement», peut-on lire dans le fascicule. Une indication peu rassurante. Le MDR-1RNC dispose cependant d’un argument de taille face à son concurrent américain: la possibilité d’écouter de la musique sans allumer le système de réduction de bruit. Un vrai plus.

Un souci que n’a pas le Beats Pro puisque son système d’atténuation du bruit est passif. Et qu’il ne fonctionne donc pas avec une batterie. La marque a beau expliquer que «les écouteurs pivotants bien rembourrés» permettent de «s’isoler des bruits extérieurs», l’effet n’est en rien comparable à celui des deux autres modèles. Seul avantage: il n’est pas nécessaire de se balader avec des piles ou un câble USB dans sa poche.

Le confort

Les modèles essayés sont tous des casques de type circum-aural, soit des écouteurs fermés qui englobent les oreilles. Ils sont également vendus avec deux câbles, dont l’un est muni d’une télécommande et d’un micro pour passer des appels. Petit plus du côté du Beats Pro, les câbles peuvent se brancher sur chaque écouteur. Une attention qui plaira aux gauchers.

Au niveau du confort, le modèle de Sony l’emporte assez facilement. Ses écouteurs rectangulaires épousent parfaitement les oreilles tandis que ses coussinets anti-pression et son cerceau en cuir se chargent d’apporter une touche de légèreté. Le QuietConfort de Bose est lui aussi agréable à l’oreille. Tout comme l’est le Beats Pro dans un premier temps. Mais à la longue ce dernier serre trop la tête. Un désagrément encore amplifié par son poids de 402 grammes, contre 330 pour le casque de Sony et 207 pour celui de Bose.

Verdict? Bose pour écouter de la musique dans sa bulle. Malgré un bon son bien lourd, le casque de Beats fait rapidement mal aux oreilles. Au sens propre du terme. Quant à Sony, c’est un très bon mix entre confort et qualité. De quoi profiter pleinement de la musique que l’on aime.