Lundi matin, Pierre-Henri Arnstam, le nouveau directeur de la rédaction de France 2, a pris ses fonctions. Il remplace à ce poste Albert du Roy, qui avait bruyamment démissionné au début du mois (lire Le Temps du 10 juin). Après les propos violents tenus par ce dernier dans les jours qui avaient suivi sa démission, l'ordre semble revenu dans la chaîne publique française. Il le faut: dans moins d'un mois, les salariés doivent aménager dans un immeuble tout neuf, une étape difficile. Surtout que ces nouveaux locaux devront être partagés avec France 3, et que personne ne peut imaginer comment va se passer la cohabitation. Face au coup médiatique constitué par la démission d'Albert du Roy, la nomination de Pierre-Henri Arnstam apparaît comme une nomination de consensus, destinée à apaiser les passions.

Pierre-Henri Arnstam est loin d'être un inconnu dans le paysage audiovisuel français puisqu'il occupait depuis deux ans le poste de conseiller du PDG Xavier Gouyou Beauchamps. En mars 1985, il avait d'ailleurs déjà succédé à Albert du Roy comme directeur de l'information sur la même chaîne, avant d'être nommé, en 1987, directeur délégué aux opérations exceptionnelles pour l'ensemble des programmes d'Antenne 2. Pierre-Henri Arnstam est entré à la télévision publique (à l'époque, l'ORTF) en 1965, à 19 ans, après une licence en philo. Hormis les deux années qui suivirent son licenciement, en 68, pour cause de participation à la grève, Pierre-Henri Arnstam a fait toute sa carrière sur la chaîne publique. Xavier Gouyou Beauchamps a donc misé sur quelqu'un de proche, plutôt que de faire appel à une tête nouvelle, venue de l'extérieur. Le PDG de France 2 ne peut pas se permettre d'éclat supplémentaire après la désastreuse démission de du Roy: son mandat expire bientôt. L'an prochain exactement, en juin 1999. On ignore pour l'instant s'il sera candidat à sa propre succession. Pierre-Henri Arnstam est perçu comme quelqu'un qui connaît pratiquement tous les salariés de la chaîne et comme un homme doté d'un exceptionnel sens de l'organisation.

A la rédaction de France 2, c'est le silence. Après les débordements verbaux par voie de presse qu'avait déclenchés la démission d'Albert du Roy, tout le monde s'accorde à retourner à une attitude plus mesurée. Pour rendre l'ambiance plus sereine, la société des journalistes (SDJ) a décidé de ne pas donner d'avis sur son nouveau chef.

Dans une lettre adressée par le PDG de la chaîne à son nouveau directeur, les grandes missions que celui-ci devra suivre sont ainsi définies: «Il faut que sous votre impulsion, France 2 imprime sa marque à l'information télévisuelle.» Le projet de réforme amorcé par Albert du Roy «doit rester la référence». On ignore pour l'instant si Daniel Bilalian continuera à présenter le journal de 20h où s'il sera remplacé par Paul Amar, comme le veut la rumeur. Xavier Gouyou Beauchamps demande explicitement de consacrer «plus de place dans les journaux à l'information internationale, notamment européenne, et à l'information économique». Objectif: afficher 25% de parts d'audience. «Il faut que, ajoute-t-il, France 2 imprime sa marque à l'information télévisuelle.» Ce qu'elle essaie de faire depuis des années.