Le démocrate-chrétien fribourgeois Hubert Lauper fut l'un des tout premiers parlementaires à ouvrir son propre site Internet (www.mcnet.ch/politique/lauper). C'était en 1995, à la veille des élections fédérales. Il y décrivait, en français comme en allemand, son credo sur les grands dossiers de son canton et présentait ses priorités politiques. Aujourd'hui, son site est en veilleuse, mais le conseiller national d'Autafond promet qu'il le réactualisera bientôt.
Depuis les dernières élections, les possibilités du Web se sont considérablement développées et une douzaine d'autres politiciens se sont à leur tour lancés dans l'aventure. Christoph Blocher n'a pas raté ce virage. Il a ouvert son propre site (www.blocher.ch) et l'utilise abondamment pour diffuser ses thèses politiques. Tous ses grands discours y ont trouvé une place de choix et sont disponibles en allemand, en français, en italien et… en anglais!
Une liste d'interventions
Le Zurichois a entraîné dans cette épopée internautique son fidèle bras droit, Hans Fehr, directeur de son Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) et conseiller national UDC. Comme quelques autres députés alémaniques, Hans Fehr (www.politik.ch/fehr) a installé sa homepage sur un site consacré à la politique. Il y développe ses thèmes de prédilection, à savoir la politique d'asile, l'indépendance et la neutralité.
La plupart du temps, les sites personnels des parlementaires se limitent à des commentaires sur les grands sujets du moment, à l'énumération de leurs interventions aux Chambres et à quelques discours prononcés lors d'assemblées publiques. C'est le cas du démocrate-chrétien argovien Peter Bircher (www.politik.ch/bircher), du socialiste bâlois Remo Gysin (www.gysinbasel.ch), de l'UDC bernois Albrecht Rychen (www.rychen.ch, qui ajoute une revue des articles de presse parus à son sujet!) et de trois radicaux: le Saint-Gallois Peter Weigelt (www.tbw.ch/weigelt), le Lucernois Georges Theiler (www.theiler.ch) et le Neuchâtelois Daniel Vogel (www.danielvogel.ch).
Pronostics sportifs et salaire!
Le socialiste bernois Paul Günter, lui, partage son site avec son épouse (www.popnet.ch/
Guenter. Zbinden) et combine ses prises de position politiques avec un descriptif de ses activités médicales. Quant à l'UDC Zurichois Hans Hofmann (www.hanshofmann.ch), fraîchement élu au Conseil des Etats en remplacement de l'indépendante Monika Weber, son site se limite pour l'instant à remercier les électeurs qui l'ont propulsé au Parlement fédéral…
Un site se démarque incontestablement des autres: celui du socialiste jurassien Jean-Claude Rennwald (www.321web.ch/rennwald). Bien sûr, le secrétaire central de la FTMH donne la liste de ses votes et de ses prises de position. Mais il le fait de manière originale et conviviale. «J'ai préparé mon site un soir avec des amis. Nous avons beaucoup déc…. et avons retenu les meilleures idées. Nous avons beaucoup travaillé les titres de rubriques», résume-t-il. C'est ainsi que ses combats politiques sont recensés sous la rubrique «Zorro»! Et au milieu de toutes ces choses sérieuses, on découvrira son pronostic sur le trio victorieux de la Coupe du monde de football, son salaire – «J'ai retenu comme idée forte celle de la transparence», justifie-t-il – des caricatures du dessinateur Pierre Reymond et toute une série de bonnes adresses dans le Jura, Moutier inclus!
Un instrument électoral
A quoi un site Internet peut-il servir quand on est parlementaire? «Je crois qu'on peut mieux faire comprendre les positions que l'on prend. On laisse ainsi une trace complète de ce que l'on fait», analyse Daniel Vogel. «Cela permet d'entrer en contact avec des gens qu'on ne connaît pas», ajoute Jean-Claude Rennwald. Et cela ne coûte pas forcément très cher. Jean-Claude Rennwald dit avoir dépensé 2000 francs pour son site, alors que l'ouverture d'une page sur www.politik.ch peut se faire à partir de 750 francs.
Si, pour l'instant, seuls douze parlementaires se sont mués en internautes, on peut s'attendre à en voir beaucoup d'autres débarquer sur le Net à mesure que l'on s'approchera des élections fédérales de l'automne 1999. «C'est un instrument électoral parmi d'autres», reconnaît Jean-Claude Rennwald. Et il est sans doute appelé à se développer.