Pour Grand Theft Auto, ils sont prêts à tout. Samedi, certains détaillants romands ont brûlé l’embargo mondial. Ils ont créé des files de joueurs impatients dans les rues de Lausanne ou Genève. Dans les jours qui viennent, ces derniers auront les yeux rongés par les cernes. D’autres ont déjà pris congé ou prévoient de se faire porter pâles. Dans tous les cas, pour les adeptes de jeux vidéo, la semaine s’annonce chargée. Ce mardi sort officiellement le cinquième opus de la saga Grand Theft Auto, GTA V. Avec ses 266 millions de dollars de budget (étalé sur quatre ans), il s’agit du jeu vidéo le plus coûteux jamais produit. Et même du deuxième «produit culturel» le plus cher de l’histoire après le film Pirate des Caraïbes III et ses 300 millions. Une peccadille pour le studio Rockstar Games puisque, si l’on en croit les sites spécialisés, les pré-réservations auraient déjà permis de rentabiliser le jeu.
Le joueur y incarne en alternance l’un des trois personnages principaux: Franklin, Michael et Trevor, trois truands à la petite semaine, égarés dans Los Santos – réplique numérique de Los Angeles. Au fil des rencontres avec divers parrains mafieux et chefs de cartels, les trois compères vont devoir remplir des objectifs de plus en plus longs et de plus en plus complexes. «Braquer telle banque», «assassiner tel patron rival»… Autant de missions à exécuter pour avancer dans le jeu. Et gagner de l’argent puisque le jeu est «basé sur la poursuite du dollar tout-puissant», dixit Rockstar.
Le jeu ne s’arrête pas là. Pionnière de l’open world («monde ouvert»), la saga GTA propose, outre les missions principales, des milliers de «tâches annexes» disséminées aux quatre coins du monde. Entre deux missions, le joueur fait ce qu’il veut. Piquer un hélicoptère et sauter en parachute? Emprunter un camion de pompiers et éteindre divers incendies? Acheter des actions à la bourse, faire de la plongée sous-marine, spéculer sur l’immobilier? Abattre tous les passants du coin avec un fusil d’assaut et une poignée de grenades? Possible aussi. Mais la police veille. Avec la qualité de son scénario ou ses cinématiques visuellement captivantes qui alternent avec les séquences de jeu, GTA V rivalise ouvertement avec le septième art.
Dans le jeu, les références au «monde réel» abondent. Ce qui permet aux développeurs de revendiquer un propos engagé et souvent critique (voir interview). Ainsi, le téléphone de l’utilisateur devient un iFruit, la bourse s’appelle le BAWSAQ, la chaîne de restaurants prend les couleurs du Burger Shot, le réseau social où l’on peut se connecter avec nos amis se nomme Life Invader («envahisseur de vie»), etc.
«Pratiquement chaque GTA amène une révolution, note Niels Weber, psychologue et président de l’association Gaming Federation. Le premier avait entraîné une telle polémique que l’image même de l’objet «jeu vidéo» avait basculée. GTA III: une révolution technologique avec un «monde ouvert» encore jamais vu. GTA V marquera une révolution au niveau marketing. Sans que personne ne sache ce que contient le jeu, il a déjà été vendu à plusieurs millions d’exemplaires…»
Les images et les vidéos du jeu ont ainsi été publiées au compte-gouttes. Suscitant des milliers de commentaires sur Facebook ou des millions de clics sur YouTube. Stimulant sa communauté, Rockstar Games a développé ces derniers mois un site internet vantant la vie à Los Santos. A l’image d’un office du tourisme. «C’est une leçon de communication», conclut Niels Weber.
«Avec le lancement du jeu, le studio Rockstar donne une leçon de communication»