L’avocat de Carlos, prénom fictif de ce délinquant de 17 ans pris en charge pour plus de 20’000 francs par mois, fait recours contre le placement de son client en milieu fermé. La Cour suprême zurichoise devra se prononcer sur le bien-fondé de cette décision. L’adolescent avait été encadré par des spécialistes dans un appartement à Liestal. Par ailleurs, le juge des mineurs fribourgeois Michel Lachat, dans une interview accordée mercredi à «La Liberté», relativise les coûts si critiqués. Selon lui, si Carlos était placé dans un centre de détention fermé, la facture ne serait pas de beaucoup inférieure.

Les juges doivent évaluer «si le changement abrupt de la forme du placement est correct sur le plan juridique et sensé sur un plan pédagogique», écrit l’avocat mercredi. Les autorités judiciaires zurichoises ont annoncé lundi que le jeune homme avait été déplacé en milieu fermé «pour sa propre sécurité» en raison des remous médiatiques autour de son cas.

L’affaire a été révélée il y a dix jours dans un reportage de la télévision alémanique SRF et n’a fait qu’enfler depuis. Le directeur cantonal de la justice, Martin Graf (Verts) a demandé un rapport au procureur des mineurs qui devrait être rendu en fin de semaine.

En prison, puis dans un appartement

Avant d’être placé en milieu «ouvert», Carlos avait été détenu en prison et placé en milieu psychiatrique fermé durant près de 10 mois, rappelle son avocat. Autorités et spécialistes avaient jugé son placement dans un appartement de Liestal «très efficace» jusque là, affirme-t-il.

L’avocat déplore en outre que le reportage de SRF n’ait pas pleinement garanti l’anonymat de son client et de son lieu de domicile. Ni lui ni Carlos n’ont donné leur autorisation à une diffusion sous cette forme, ajoute-t-il.

Jeune homme poignardé

Multirécidiviste, l’adolescent a écopé de plusieurs mesures pénales prononcées contre lui par la Justice des mineurs. Durant sa carrière précoce de délinquant entamée à l’âge de 9 ans, il s’est notamment rendu coupable de vol, violences et détention illégale d’arme.

Il y a deux ans, Carlos a poignardé grièvement un jeune homme aujourd’hui âgé de 20 ans. Mais au lieu de séjourner en millieu fermé, il vivait ces derniers mois dans un appartement à Liestal, entouré de spécialistes. Dans le chef-lieu de Bâle-Campagne, il suivait des entraînements de boxe thaïe donnés par un ancien champion condamné suite à une rixe.

But de l’opération: sortir Carlos de la délinquance. Son coût: 22’000 francs par mois, selon le juge des mineurs. Plusieurs médias alémaniques avancent même le montant de 29’000 francs. L’UDC zurichoise a demandé la constitution d’une commission d’enquête parlementaire (CEP) sur cette affaire.

Facture relativisée

Une journée dans un centre de détention fermé coûte en moyenne 600 francs, explique Michel Lachat, président de la Chambre pénale des mineurs du canton de Fribourg, dans une interview parue mercredi dans «La Liberté». «Multiplié par 30, on n’est donc pas loin des chiffres avancés pour l’encadrement de Carlos.

Ce coût du placement comprend non seulement l’hébergement, mais aussi l’accompagnement par des psychiatres, des psychologues, des éducateurs, des assistants sociaux et des maîtres d’apprentissage. «Tous ces intervenants, il faut les payer!», souligne M. Lachat.

Concernant le cours de boxe thaïe offert à Carlos, le juge des mineurs fribourgeois estime que les arts martiaux peuvent effectivement enseigner aux jeunes à se maîtriser. Ils les aident aussi à évacuer les surplus d’énergie. Reste que la mesure peut marcher avec les uns et échouer avec d’autres, note le magistrat.

Michel Lachat juge que le système suisse basé sur les mesures éducatives est efficace. Les statistiques le disent, selon lui: «Dans les pays anglo-saxons, aux lois punitives, le taux de récidive atteint 90%. En Suisse, ce taux est de 30% à 35%, même si j’admets que les statistiques ne sont pas facile à lire».