L’extinction des espèces gagne encore du terrain
Environnement
La dernière mise à jour de la Liste rouge des espèces menacées de l’Union mondiale pour la Nature (UICN) a été dévoilée: 17’291 espèces sur les 47’677 espèces qui ont répertoriées à ce jour sont menacées d’extinction.
Les résultats révèlent que 21% de tous les mammifères connus, 30% de tous les amphibiens connus, 12% de tous les oiseaux, 28% des reptiles, 37% des poissons d’eau douce, 70% des plantes, 35% des invertébrés répertoriés à ce jour sont menacés. «Les preuves s’accumulent sur la sévérité de la crise d’extinction que nous traversons, affirme Jane Smart, directrice du Groupe pour la conservation de la biodiversité de l’UICN. En janvier commencera l’Année internationale de la biodiversité. Selon les dernières analyses de la Liste rouge de l’UICN, il sera impossible d’enrayer la perte de la biodiversité en 2010, comme le prévoyait notre objectif. Il est temps que les gouvernements commencent sérieusement à œuvrer à la protection des espèces et que ce sujet brûlant figure parmi leurs priorités l’année prochaine, car le temps presse.»
On dénombre maintenant 1677 reptiles sur la Liste rouge de l’UICN, dont 293 ont été ajoutés cette année. Au total, 469 sont menacés d’extinction et 22 sont déjà «éteints» ou «éteints à l’état sauvage». Les 165 espèces endémiques aux Philippines qui viennent d’apparaître sur la Liste rouge de l’UICN incluent le varan de Panay (Varanus mabitang), considéré comme «en danger». Ce varan extrêmement localisé est doublement menacé, par la perte de son habitat du fait de l’agriculture et de l’exploitation forestière, et par les humains qui le chassent pour sa chair. L’hydrosaure des Philippines (Hydrosaurus pustulatus) fait son apparition dans la catégorie’Vulnérable’et est également menacé par la perte de son habitat. Ses petits sont chassés intensivement pour le commerce d’animaux de compagnie et la consommation locale. «Les reptiles de la planète sont sans aucun doute en mauvaise posture, mais il est possible que la situation actuelle soit bien pire qu’elle n’y paraisse» affirme Simon Stuart, Président de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN. «Nous avons besoin d’une évaluation portant sur tous les reptiles pour saisir la sévérité de la situation, mais il nous manque les 2 ou 3 millions de dollars nécessaires». La Liste rouge de l’UICN révèle que parmi les 6285 amphibiens que compte la planète, 1895 sont en danger d’extinction, ce qui en fait le groupe le plus menacé à ce jour. Parmi eux, 39 sont déjà «éteints» ou «éteints à l’état sauvage», 484 sont «en danger critique d’extinction», 754 sont «En danger» et 657 sont «Vulnérables». Le crapaud de jet de Kihansi (Nectophrynoides asperginis) est passé du statut de «en danger critique d’extinction» à «éteint à l’état sauvage». Cette espèce, localisée uniquement dans les chutes du Kihansi en Tanzanie, était autrefois nombreuse, avec une population d’au moins 17000 membres. Son déclin est dû à la construction d’un barrage en amont des chutes du Kihansi, qui a dévié 90 pour cent du débit original d’eau de la gorge. Enfin, la chytridiomycose, une maladie fongique, est probablement responsable de l’achèvement définitif de la population de crapauds dans la région. C’est également une maladie fongique qui a touché l’Ecnomiohyla rabborum qui entre dans la Liste rouge dans la catégorie «en danger critique d’extinction». On ne la trouve qu’au centre du Panama. En 2006, on a signalé la présence du chytride, une maladie fongique (Batrachochytrium dendrobatidis) dans son habitat, et depuis, seul un unique mâle semble donner des signes de vie. Ces espèces ont été recueillies pour être élevées en captivité mais pour l’instant, tous les efforts ont échoué. Sur les 12’151 plantes dénombrées dans la Liste rouge de l’UICN, 8500 sont menacées d’extinction, parmi lesquelles 114 sont déjà «éteintes» ou «éteintes à l’état sauvage». La classification de la Reine des Andes (Puya raimondii) a été réévaluée et elle demeure dans la catégorie «En danger». Présent dans les Andes au Pérou et en Bolivie, cette plante ne produit des semences qu’une fois en 80 ans, avant de mourir. Le changement climatique empêche déjà probablement sa capacité à fleurir; en outre le bétail qui se déplace librement piétine ou mange les jeunes plantes. On dénombre cette année 7615 invertébrés sur la Liste rouge de l’UICN, parmi lesquels 2639 sont menacés d’extinction. Les scientifiques ont ajouté 1360 espèces de libellules et demoiselles, ce qui porte donc leur nombre à 1989, dont 261 sont menacés. La libellule géante (Chlorocypha centripunctata), que l’on trouve dans le sud-est du Nigeria et le sud-ouest du Cameroun, est considérée comme «Vulnérable» et est menacée par la destruction des forêts. La Liste rouge de l’UICN dénombre maintenant 3120 poissons d’eau douce, 510 de plus que l’année dernière. Il reste encore beaucoup à faire pour connaître le statut de tous les poissons d’eau douce du monde, néanmoins 1147 parmi ceux évalués jusqu’à présent sont menacés d’extinction. Le poisson garde-boue (Neochanna apoda), visible uniquement en Nouvelle Zélande, est passé de la catégorie «quasi menacé» à «vulnérable» car il a disparu de nombreux endroits où on pouvait le trouver. Environ 85-90 pour cent des zones humides de Nouvelle Zélande ont été perdues ou dégradées du fait des plans d’assèchement, du développement de l’irrigation et des terres cultivables. Le statut de l’ombre d’Australie (Prototroctes maraena), un poisson d’eau douce, s’est amélioré grâce aux efforts faits en faveur de sa conservation. Il est maintenant considéré comme «presque menacé», alors qu’il était auparavant «vulnérable», et sa population a augmenté grâce aux échelles à poissons construites sur les barrages pour permettre la migration, au retour de la végétation sur les berges des rivières, et à la sensibilisation des pêcheurs, qui reçoivent maintenant une grosse amende s’ils sont appréhendés avec cette espèce.