Investissements
En raison de la reprise de la conjoncture mondiale et de la nette amélioration de la dynamique de croissance sur divers marchés liés aux infrastructures énergétiques, les valeurs cycliques de l’énergie ont retrouvé la faveur des investisseurs depuis mi-2013. Pr Roberto Cominotto (JB Energy Transition, Swiss and Global Asset Management)
Le marché américain de l’énergie a subi une modification fondamentale grâce à l’exploitation de l’huile et du gaz de schiste. Après avoir vu leurs ressources propres s’amenuiser et leurs importations croître continuellement au cours des 30 dernières années, les Etats-Unis sont devenus autosuffisants en gaz naturel et seront même bientôt en mesure d’en exporter. De plus, la dépendance du pays vis-à-vis des importations pétrolières diminue rapidement. Or, ces dernières décennies, les infrastructures énergétiques nord-américaines ont été conçues pour gérer des importations en forte hausse. Il est donc désormais nécessaire de les adapter. Le développement de ces infrastructures (pipelines, capacités de stockage et de raffinage, installations de pétrochimie et de liquéfaction du gaz naturel, terminaux d’exportation, etc.) n’en est qu’à ses débuts et s’étendra sur plusieurs années. De quoi encourager des placements prometteurs dans le secteur énergétique au cours des trois à cinq prochaines années.
Sortie d’une longue crise pour le solaire et l’éolien
Ces dernières années, l’excès de subventions sur les marchés européens et la création de surcapacités en Chine ont mis à mal l’industrie éolienne et solaire. La situation s’est toutefois stabilisée et améliorée en 2013, notamment pour la seconde. Les marchés en essor tels la Chine, le Japon, les Etats-Unis et de nombreux pays émergents sont les nouveaux moteurs de la croissance pour les installations solaires. Le fait que l’érosion des prix des modules photovoltaïques ait renforcé la compétitivité du solaire face aux sources d’énergie conventionnelles dans nombre de pays constitue également un avantage. Quelques marchés importants sont ainsi passés à un modèle libre de subventions au cours des derniers mois. Même le marché solaire allemand – le pays ne jouissant pourtant pas d’un ensoleillement exceptionnel – devrait pouvoir se passer de subventions d’ici à deux ou trois ans. Quant à l’industrie éolienne, elle reste en grande partie tributaire de la reprise sur le marché chinois. Grâce à l’extension du réseau électrique, les capacités des centrales existantes sont aujourd’hui mieux exploitées et de nouvelles turbines peuvent être installées, ce dont profitent en premier lieu les exploitants de parcs éoliens.
Il faut toutefois avoir une approche sélective dans ces secteurs très concurrentiels. Car les entreprises ne profiteront pas toutes de la même façon de ces évolutions. Les sociétés actives dans les secteurs de niche et bénéficiant de prix bas sur les modules solaires et les installations éoliennes ainsi que de volumes d’installation en hausse offriront des opportunités intéressantes. Toutefois, la croissance des nouvelles installations d’énergies renouvelables offre également des possibilités d’investissement indirect. Dans de nombreux marchés où de telles infrastructures sont créées, les réseaux électriques atteignent leurs limites de capacité. Il sera donc nécessaire de les moderniser ou de les renforcer. Les entreprises qui planifient, construisent, entretiennent et fournissent les composants des réseaux électriques seront les grandes gagnantes.
Miser sur la croissance et les coûts réduits
Le principe est simple: les prix des produits énergétiques et des matières premières telles le pétrole, le gaz et l’électricité, mais aussi des cellules solaires, turbines éoliennes, LED, etc., sont soumis au jeu de l’offre et de la demande. Dans ce contexte, le succès de nombreuses entreprises dépend de la hausse des prix de ces produits et matières premières. Du point de vue des investisseurs, ce sont toutefois les sociétés en mesure de générer une plus-value même en cas de stabilité ou de léger recul des prix qui se révèlent intéressantes. Parmi celles-ci figurent les entreprises affichant les coûts les plus réduits et la plus forte croissance des volumes au sein de leur branche. Les perspectives offertes par de telles «perles rares» sur le marché de l’énergie semblent très prometteuses.