La télévision se tient en si haute estime qu'elle se sent obligée, pour rivaliser avec la Cérémonie des 7 d'or, de programmer à la même heure quelques machines à faire de l'audience: Basic Instinct; Geronimo; Belle de Jour et Le gendarme et les gendarmettes. Quelle prétention pour une Cérémonie qui est à la télévision ce que les journées de Soleure sont au cinéma suisse: une autocélébration incestueuse et ratatinée.
Pourtant, il faut bien le reconnaître, ça marche! Pourquoi? Osons quelques hypothèses. La première nous renvoie aux bancs d'école et à sa composante sado-maso: la distribution des prix. Inconsciemment, on espère toujours que le premier, disons PPDA, sera le dernier et le dernier, disons Bruno Masure, le premier.
La seconde nous renvoie au plaisir du même: les gens de TV sont nos célébrités les plus familières. Les fêter, c'est un peu se récompenser soi-même. C'est ainsi que l'on préfère Mimi Mathy et ses discours autoparodiques («quand j'étais petite...») à Sandrine Bonnaire, comédienne cathodique épisodique. Parce que la TV souffrira toujours de n'être qu'une lucarne quand son frère le cinéma se fait appeler lanterne magique. Enfin, troisième piste: la Cérémonie des 7 d'or, comme toutes les cérémonies un tant soit peu ritualisées, nous garantit les émotions de base: pleurer, rire, être en colère...
Etre en colère surtout.