TSR2 rediffusait hier à deux reprises «Skin or die», le film de Daniel Schweizer montré jeudi dernier par Temps présent. Qu'y avons-nous appris? Sincèrement, pas grand-chose. L'idéologie nazie, la haine raciale, le terrorisme comme prochaine étape sont connus comme faisant partie du programme skin.

En revanche, nous avons vu. Vu suinter l'ennui dangereusement fertile que traînent ces jeunes gens d'une «fête» à l'autre. D'où le mot d'ordre désespéré lancé par l'un d'eux: «Putain, amusez-vous!»

Ennui, désenchantement, réflexion inexistante, ignorance crasse de ce qui fut avant eux, autant de composants explosifs procédant d'une rupture de transmission d'espoir et de valeurs par une société démissionnaire. Traîner ces gamins devant la justice pour discrimination raciale? Pour en faire des martyrs, et radicaliser leur mouvement? C'est ce qu'on a commencé à faire. Alors que le procès à instruire est en amont. De même, le cinéaste, en ne questionnant pas ces jeunes gens sur les limites de la haine, ne fait office que de pourvoyeur d'images et de porte-voix de leurs menaçantes proclamations. Son film enferme et, pour certains, magnifie une tribu dans son ghetto. Il va servir de support à des séminaires dans les écoles? C'est mieux que rien, pour freiner la relève. Mais quelle réponse apporter à ceux qui, demain, seront tentés de passer à l'acte? Un débat s'imposait après ce film. Il reste à faire. Avec les skins.