Souvenir de chronique judiciaire: le procès de Patrick Henry, sauvé de la guillotine en janvier 1977. La «Vie en face» diffusait hier soir une évocation de cette affaire légendaire qui vit Robert Badinter remporter sa première victoire sur la peine capitale en France. Malgré l'enlèvement et la mort d'un petit garçon, malgré aussi la froide insensibilité de son assassin.
Ils étaient tous là, les avocats, le procureur, les journalistes blanchis sous le harnais! Mais surtout, il y avait, ranimés par les images de la télévision de l'époque, l'échauffement populaire, la dérive des politiciens, l'emballement des médias. On ouvre de grands yeux sur ces titres vengeurs, on entend, stupéfaits, ces appels au meurtre, et Roger Gicquel proclamer au JT sa phrase aussi racoleuse que célèbre de sens: «La France a peur.» Des propos qu'on n'imaginerait pas aujourd'hui, même sous la signature du Front national. Et on se dit que, oui, la peine de mort est en soi porteuse de la plus extrême violence, et qu'elle favorise au sein de la société les pires déchaînements.
C'est le mérite de cette émission de nous l'avoir sobrement rappelé. Pour mémoire, on a appris également hier que l'homme «qui faillit être coupé en deux» purge toujours sa peine en prison quelque part.