Vous aviez mangé, à l'heure du TJ, hier soir? Tant mieux, parce que le menu avait de quoi couper le plus solide appétit. Reprenons. On meurt de faim au Sud-Soudan. On ne nous l'apprend guère, mais hier, vraiment, c'était insoutenable: ces mouches, ces plaies, ces regards vides, ces os qui tiennent lieu de membres, c'est la réalité d'êtres faits comme nous, de chair et de sang, et qui s'alimentent de nénuphars dans un marais qu'ils n'osent quitter de peur d'être massacrés.
Chez nous, ça va plutôt bien. On nous promet des distributeurs à frites pour quelques francs, des frites faites de farine de vraies pommes de terre. Au Texas, on meurt de chaud, mais il y a de quoi s'arroser le crâne – avec de l'eau minérale. Ah, et puis tenez, le père des McDos n'est plus, quarante ans après avoir inventé son steak haché. Comme quoi on ne meurt pas d'en vendre ni d'en manger. Il s'en consomme 38 millions par jour de par le monde, sauf apparemment au Sud-Soudan.
Au Tour de France, c'est autre chose qu'on consomme: des produits dopants, pour aller plus vite plus loin. Il paraît que cette découverte éclabousse tout le cyclisme qui pourtant en a vu d'autres. Le général américain McCaffrey, en revanche, semble intéressé par la distribution d'héroïne telle qu'on la pratique en Suisse.
Qui sur la planète Terre, à part les Soudanais, n'a pas son poison, son bonbon? Et là dessus, il y a Pipilotti Rist en costume folklorique, dont on se demande si c'est du lard ou du cochon et qui essaie de nous faire avaler du vent en nous promettant des merveilles. Le tout servi en vrac, avec le sourire de Romaine Jan. Décidément, le menu du TJ soir est parfois bien lourd à digérer.