Le Net n'a pas encore obtenu de vrai grand rôle à l'écran. Sa matière fictionnelle serait-elle trop complexe, ou trop abstraite, pour inspirer les scénaristes de cinéma? Mis à part le grand «Tron» et quelques séries B, on ne trouve encore rien de bien substantiel dans la filmographie du réseau (oublions ce thriller où Sandra Bullock se cramponne à sa souris d'ordinateur). Quand verra-t-on enfin Woody Allen confronté à une communauté virtuelle? Chiara Mastroianni envoyer un e-mail? Juliette Binoche derrière un écran? Quand Meg Ryan trouvera-t-elle son prince charmant dans une «chatroom» en direct?

Si le cinéma tarde à montrer le Net dans son usage quotidien, il l'utilise abondamment pour sa promotion. Les films bénéficiant d'une adresse web à leur nom sont toujours plus fréquents; ils appartiennent généralement à la catégorie des trois A: «american», «addictive» et «adolescent», ou plutôt «adulescent», pour reprendre un terme marketing à la mode. Autrement dit, des films à grand spectacle destinés au marché mondial des jeunes adultes influençables.

Les financiers de Hollywood ont vite compris que leur public-cible recoupait celui des internautes compulsifs. Ils se servent du Net comme d'une arme promotionnelle, en ouvrant des sites dédiés à leurs films, avec casting, résumé et vente en ligne de t-shirts. Souvent, des plug-ins permettent d'entendre des extraits de dialogues, ou de visionner quelques bandes-annonces. Parfois, ces sites offrent aussi des forums qui dépassent la seule publicité.

Dès qu'ils lancent un projet d'importance, les studios réservent illico l'adresse web la plus proche du titre, histoire d'éviter piratages et détournements. Même Clint Eastwood s'y est mis avec son dernier film, «Le jardin du bien et du mal» (www.goodandevil.com).

Le dernier film des frères Coen dispose aussi d'un site amusant (www.lebowski.com), de même que la suite des «Blues Brothers» (www.blues-brothers-2000.com) et le nouveu film catastrophe qui bat des records aux Etats-Unis (www.deepimpact.com).