«La Nuit du loup» de Javier Tomeo
romans de l’été
As de l’humour absurde, Javier Tomeo imagine le dialogue entre deux hommes qui se sont tordu la cheville et doivent restés immobilisés à quelques mètres l’un de l’autre
La Nuit du loup, Javier Tomeo,
trad. de l’espagnol par Denise Laroutis, Bourgois, 150 p.
Un vieux misanthrope se tord la cheville au cours de sa promenade nocturne. La même mésaventure arrive à un représentant de commerce de passage. Voilà deux hommes immobilisés à quelques mètres l’un de l’autre, qui attendent les secours et trompent leur ennui en se livrant à des joutes verbales et à des insinuations perfides. Le vieux cite ses poèmes lyriques et exhibe ses connaissances glanées sur Internet; le représentant s’inquiète de la fidélité de sa femme. Autour d’eux, le corbeau, le hibou, les grillons font entendre leurs commentaires pendant que la lune se lève, éveillant chez le vieux des fantasmes de loup-garou. Javier Tomeo est un champion du non-sens: le dialogue des deux éclopés est une petite merveille d’humour absurde.