On connaissait les sans-emploi, les sans-abri, les sans-papiers, les sans-domicile fixe… Hier soir, le journal de France 3 a consacré un reportage à une nouvelle catégorie de démunis: les sans-billet. Ces pauvres diables sont les vrais laissés-pour-compte de l'été. Ils n'ont jamais reçu les tickets d'entrée au Mondial qu'ils avaient commandés à grands frais. Ils ne sentiront pas l'odeur des foules sur les gradins, ne verront pas les joueurs minuscules sur le lointain gazon.

Heureusement, ces sans-billet sont parfois pris en charge par les municipalités. A Saint-Etienne, par exemple, une place publique a été mise à leur disposition. Un écran géant a été installé sur le square Marengo pour leur permettre de suivre les matches en public. Un geste charitable afin qu'ils ne soient pas laissés tout seuls dans leur salon face au téléviseur.

France 3 a présenté le cas de Carla, une jeune sans-billet d'origine chilienne. Elle n'a jamais reçu le ticket qu'elle avait acheté pour la rencontre Chili-Autriche. Face aux caméras, elle a commenté ce triste goal survenu à la 46e minute, un goal qu'elle n'aura vu que sur écran: «Les Chiliens ont toujours été malchanceux.»

La situation de ces sans-billet suscite une émotion légitime. Ils ont pris la place des sans-logis dans nos cœurs de téléspectateurs empathiques. C'est la loi de la TV. Pendant l'été, les chaînes ne peuvent pas parler des clochards qui couchent dans la rue. Il ne fait pas assez froid pour qu'on pense à eux.