«France Télécom, partenaire du plus beau terrain d'entente.» Répété avant chaque retransmission du Mondial sur les chaînes françaises, ce slogan avait hier soir d'étranges résonances. Le plus beau terrain d'entente? Quelques minutes plus tôt, le JT avait pourtant annoncé qu'il s'agissait «du match de tous les dangers», que Montpellier était «littéralement en état de siège». Avec ses métaphores guerrières, le JT voulait agiter la menace d'un nouveau débordement de hooliganisme.

Mais à peine le match avait-il commencé que cette dramatisation laissait la place à un commentaire lénifiant. Dès le coup d'envoi, le gazon se devait d'être «le plus beau terrain d'entente». La caméra s'attardait sur une banderole brandie par les supporters allemands: «Pardon Frankreich» en lettres noires sur fond blanc. Baissant la voix d'un ton, l'un des commentateurs déclarait: «La Mannschaft a été traumatisée par les événements de Lens, elle a décidé de se battre ce soir avec le meilleur esprit.»

Si les drapeaux allemands s'agitaient partout, dans les tribunes et même sur le visage de certains supporters, ces symboles nationaux étaient vite neutralisés par les logos des sponsors: McDonald's, EuroCard, Coca Cola, bref, du vrai multinationalisme. D'ailleurs, le commentateur de France 2 qualifiait les Iraniens de «véritables Brésiliens de l'Asie». Qu'on ne vienne pas lui parler de sentiment national exacerbé.