«Prévenir les tentatives d’islamisation»
jeunes
Jeffrey Bleiker, 22 ans, président des Jeunes UDC saint-gallois
Le Temps: Vous défendez l’initiative contre les minarets avec verve dans le canton de Saint-Gall. Pourquoi?
Jeffrey Bleiker : La question a particulièrement touché notre région, en raison des débats autour d’un projet de minaret à Will. Et les positions de Lukas Reimann (ndlr: jeune conseiller national UDC très engagé «contre l’islamisation») ont eu une forte résonance. En fait, j’ai rarement assisté à un tel engagement de la part des jeunes dans mon canton ces dernières années. Preuve que cette question les intéresse. Beaucoup sont prêts à combattre toute tentative d’islamisation. Nous avons décidé de nous mobiliser pour rappeler que le minaret est avant tout un symbole de pouvoir.
– Qu’entendez-vous par «islamisation»? De quelle manière les jeunes y sont-ils confrontés?
– En fait, derrière le débat sur le minaret surgissent des interrogations qui touchent notre quotidien. Ici les jeunes ont souvent entendu des discussions autour de réglementations spéciales dans les écoles. Les chants de Noël qui n’auraient plus leur raison d’être, la remise en question des cours de piscine. Tout cela fait réagir et inquiète. Il est primordial que l’Etat et l’Eglise restent deux entités séparées.
– Avez-vous vécu des exemples concrets de règles particulières?
– Non, mais je connais beaucoup de jeunes qui en parlent. Ce que je vois régulièrement de mes propres yeux, c’est l’expression de la violence entre jeunes, les tensions qui naissent. C’est sans doute ce qui explique l’intérêt pour cette votation du côté des adolescents ou des jeunes électeurs. Il est question de leur avenir…
– Mais quel lien faites-vous avec une votation liée à la construction de minarets? N’est-ce pas plutôt une réaction face à l’étranger…
– En fait, tout est lié. Nous devons empêcher la formation d’une société parallèle qui se détournerait complètement de nos valeurs. Or, les minarets encouragent ce développement et lèsent le processus d’intégration. Dans mon cercle d’amis figurent des musulmans – notamment originaires de l’ex-Yougoslavie ou d’Irak – qui s’opposent aux minarets en répétant que ceux-ci ne sont pas nécessaires pour vivre leur croyance.
– Ce scrutin serait donc pour des jeunes le moyen d’exprimer des peurs qu’ils ne parviennent pas à exprimer différemment…
– C’est vrai qu’on peut y voir une question de société liée à la migration bien plus qu’un débat religieux. Mais pour les jeunes, cette discussion est encore plus nécessaire. Car c’est un défi qui nous concerne au premier plan.