Les «rouges» attaquent, les «bleus» ripostent
Démonstration d'un combat terrestre sur un simulateur.
L'écho des petites protestations pacifiques du dehors ne parvient pas jusque dans la halle 7 de Beaulieu, où ITEC a installé ses quartiers sur de la moquette grise et du parquet clair. Le stand de Siemens-Suisse, parmi les autres stands du pavillon helvétique, n'est pas le plus spectaculaire de tous. Point de cockpit d'avion de chasse, point de tourelle de tank, pas même un bruit de canon, mais une poignée d'écrans austères. «La guerre n'est pas un jeu», assure le colonel Franz Lötscher. L'officier, aujourd'hui à la retraite, fait office de consultant auprès de Siemens-Suisse. Il connaît sa partition sur le bout des doigts.
L'appareil dont il a la charge est un simulateur de combats terrestres destiné à l'entraînement des états-majors de bataillons, de régiments et de brigades. Le logiciel a été développé à partir de 1992 par Siemens-Suisse et la société israélienne Rafael pour les besoins de l'armée suisse. Le support (hardware) est fourni par la maison américaine Sun. L'armée dispose de 100 appareils de ce type, regroupés dans un centre à Kriens, dans le canton de Lucerne. Les premiers exercices faisant appel à cet appareil ont eu lieu en 1996; l'année suivante, il y en eut une quarantaine.
Le colonel Lötscher se lance dans une démonstration. A l'écran, une carte d'état-major en couleurs, dont il agrandit ou réduit l'échelle à volonté. Nous sommes dans une zone comprise entre Olten, au nord, et le lac de Sempach, au sud. Une brigade mécanisée ennemie, qui apparaît sous la forme de carrés rouges, progresse le long de deux vallées en direction de la localité de Sursee, près du lac de Sempach. Il faut l'en empêcher. C'est là qu'intervient le bataillon 20, des carrés bleus sur l'écran. Du lac de Sempach il part à la rencontre de l'intrus. «Les bleus, ce sont les entraînés», explique le colonel Lötscher. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les «entraînés» n'ont pas accès aux simulateurs. Ils se débrouillent avec leurs bonnes vieilles cartes d'état-major et leur téléphone de campagne. Les simulateurs sont dans les mains des «entraîneurs», soit à un échelon au-dessus, la division ou le corps, qui testent les compétences des commandements d'unités, les majors, colonels ou brigadiers.
D'après le colonel Lötscher, le bataillon 20 a très bien réagi. Mais on ne connaîtra pas le dénouement du combat. A. M.