Il y a de la bisbille sur SF2, la deuxième chaîne lancée par la DRS en automne dernier et consacrée aux jeunes. Une bisbille qui est en train de se muer en un bras de fer entre son patron, Peter Schellenberg, et ses différentes stars. Objet du litige: le salaire que recevrait le comédien Dieter Moor, animateur vedette de NightMoor, émission comique, notamment d'imitations de personnalités, mâtinée de thèmes érotiques. Il se situerait entre 500 000 et 700 000 francs par année, alors que les autres stars sont payées entre 81 600 (Filippo Leutenegger, Arena) et 200 000 (Bernard Thurnheer, Benissimo et reporter sportif). Kurt Aeschbacher (Casa Nostra, futur président du jury de 0.1) touche, lui, 170 000 francs. La colère gronde, d'autant plus que NightMoor est décriée et ne touche que 25 000 téléspectateurs contre 650 000 pour Casa Nostra ou un million pour Benissimo.

La semaine dernière, six animateurs (dont Kurt Aeschbacher et Viktor Giacobbo) ont adressé une lettre à Peter Schellenberg pour exiger une discussion sur la politique des salaires. Du côté de la télévision, on se tait: Peter Schellenberg nous a fait savoir qu'il s'agit d'une affaire interne, dont il n'y a rien à dire pour l'instant. Viktor Giacobbo refuse lui aussi de s'exprimer: un rendez-vous aurait été fixé pour la semaine prochaine avec le chef de la télévision. D'ici là, silence sur les ondes.

Le malaise entourant NightMoor a commencé avant la révélation du salaire de son animateur. Peter Schellenberg venait de décider de reconduire l'émission en septembre prochain, revue et corrigée, et sans la comédienne Lea Hadorn. Dieter Moor entendait la produire lui-même, avec sa propre entreprise, «Swiss on air». Mais ses deux anciens partenaires, Abel Höhler et Dieter Weilert, qui coproduisaient NightMoor avec la firme Entertainment 4U, s'y sont immédiatement opposés, prétendant qu'ils ont des droits sur le titre et le contenu de l'émission. Ils entendent aller au tribunal.

Selon Robert Neuhaus, du service de presse de la DRS, il n'y a pas de litige: le problème des droits ne se pose pas pour une émission du soir. «Nous maintenons notre décision de reprendre l'émission en septembre, affirme-t-il. Elle sera effectivement produite par Swiss on air.»

L'émission coûte cher, alors qu'elle ne touche que peu de spectateurs. Huit millions ont été investis par la DRS pour son lancement. Son but: toucher un public jeune, qui se branche plus facilement sur les shows allemands ou autrichiens. Concurrence oblige, la chaîne suisse a fait appel à une vedette – qui a fait carrière dans les pays germanophones – qu'elle paie selon les tarifs allemands. Robert Neuhaus balaie toutes les critiques faites à l'émission, considérée en plus dans le public et les médias comme peu drôle et peu attractive. «Pour nous, ce n'est pas un échec, réplique-t-il. Le public est en hausse. Une émission a besoin de temps pour s'imposer. On ne peut comparer NightMoor qu'au show de Harald Schmidt, qui a mis trois ans pour trouver son public.» Pour ce qui est de l'avenir de SF2, Robert Neuhaus tient le même langage. Il ne parle pas de taux d'écoute – encore faible – mais se réjouit de constater que ses auditeurs sont en moyenne de dix ans plus jeunes que ceux de la SF1. Ses émissions devraient être financées par la seule publicité – ce qui n'est pas encore le cas. Ainsi, la direction entend prendre des mesures pour développer la chaîne «jeunes», mesures qui seront dévoilées sous peu.