Que fera-t-il ensuite? Le petit monde alémanique des médias se triturait les méninges pour deviner ce que Roger Schawinski allait entreprendre après Tele 24, qui doit démarrer le 5 octobre prochain sur les écrans alémaniques. Mais personne n'avait pensé à ça. Avant même le lancement de la chaîne, le bouillant patron quintuple son projet. Pas d'avenir pour les petits, a-t-il dû se dire, passant d'un budget de 5 à 25 millions par an.
Officiellement, ce serait l'euphorie des annonceurs qui aurait poussé Roger Schawinski à un tel bond. «Les recettes de l'année en cours et l'état des réservations publicitaires sont excellents», a-t-il lancé hier au cours d'une conférence de presse à Zurich. En fait, il semble surtout vouloir ne laisser aucune chance à sa concurrente CH1 (rebaptisé PrimeTV), projet commun de Tele-Bärn, Tele-Basel, Tele Tell (Suisse centrale) et M1 (Suisse orientale).
En effet, la principale raison de l'explosion du budget de Tele 24 est la création de quatre décrochements régionaux, dès le 1er janvier prochain, destinés à couper l'herbe sous les pieds de CH1. Bâle, Berne, la Suisse orientale et centrale auront droit à des journaux télévisés propres, à l'intérieur d'un programme plus vaste intitulé Swiss News. Dans chacune de ces régions, Roger Schawinski veut installer une rédaction, un studio et une équipe de six ou sept personnes. «Nous évaluons les coûts de chaque bureau régional à 2 millions par an», précisait-il hier.
Seul hic: la concession obtenue en avril du Conseil fédéral ne comprend pas ces quatre décrochements régionaux. Roger Schawinski en demande donc une nouvelle, envoyée hier à l'Office fédéral de la communication. «On craignait que Tele 24 soit trop zurichoise, dit-il. Nous autoriser à investir dans les régions est le meilleur moyen de diminuer l'influence de la métropole sur la chaîne.» Et l'ancien radio-pirate de fustiger le monopole qui se reconstituerait dans les régions: un seul journal, une seule radio, une seule TV. La concurrente CH1, pour sa part, attend toujours une concession du Conseil fédéral et prétendait hier que les manœuvres de Schawinski n'y changeaient rien. Le démarrage est toujours prévu au 1er janvier 1999.
L'autre raison du renchérissement de Tele 24, c'est l'augmentation des heures de production maison. Le projet originel prévoyait une demi-heure de news et une demi-heure de talk-show par jour, le tout en boucle de 19 à 24 heures. Le projet actuel prévoit trois heures produites par jour: un journal Swiss News à 18 heures, une émission divertissante, le Bistro, à 18 h 30, des nouvelles régionales à 19 heures, un talk-show à 19 h 30, Swiss news à 20 heures et un magazine à 20 h 30, alternant entre une émission people le lundi, un grand reportage le mardi, un quiz le mercredi, etc. Du coup, l'embauche va bon train: 24 journalistes ont déjà été engagés et Tele 24 devrait compter, à terme, 140 employés.