Il a sauvé des vies et ruiné des mariages, engendré un nouveau dialecte tout en permettant aux grands groupes de téléphonies d’engranger des milliards. Le SMS (Short Message Service) fête ce lundi ses 20 ans. Si ce message de 160 caractères reste un mode de communication plébiscité, beaucoup s’interrogent sur ses capacités de survie dans un monde où les applications gratuites de messagerie instantanée (WhatsApp, iMessage mobiles) se développent à grande vitesse.

Le SMS est né le 3 décembre 1992 au bout des doigts de Neil Papworth. Cet ingénieur anglais, employé du groupe informatique Sema, utilise le réseau GSM pour envoyer ses vœux de fin d’année depuis son ordinateur privé vers un téléphone mobile. C’est la première utilisation non commerciale connue. Car à l’origine le Short Message Service était destiné à transmettre des messages de services provenant d’un opérateur téléphonique.

Pratique, facile d’utilisation et peu coûteux – le SMS est transporté via les canaux de signalisation définis par le GSM et n’occupe pas la bande passante réservée au transport de la voix – ce service s’est imposé très vite comme le mode de communication favori des mobinautes, mais dont la survie est menacée par l’arrivée des smartphones et leurs applications de messagerie instantanée gratuites.

Les applications qui permettent d’envoyer des messages et autres données entre smartphones sans passer par l’opérateur explosent, que ce soit les iMessages utilisés par les nombreux utilisateurs d’iPhone ou les 60 millions de possesseurs de BlackBerry qui utilisent BBM. La célèbre application WhatsApp, qui a l’avantage d’être disponible sur quasiment tous les systèmes d’exploitation existants, d’Android (Google) à Windows Phone (Microsoft) en passant par iOS (Apple) et BlackBerry (RIM), revendiquait en août 10 milliards de messages transférés par jour.

«Si les opérateurs avaient inclus les SMS illimités dans toutes leurs offres, WhatsApp n’aurait jamais existé», a clamé le patron de Swisscom, Hans Carsten Schloter, devant les autres opérateurs européens, réunis mi-novembre au sommet de l’Idate à Montpellier. Pour le directeur produits grand public de SFR, Franck Cadoret, l’argument ne tient pas car la majorité des forfaits offrent les SMS illimités en France, et pourtant les nouveaux services de messagerie unifiés ont tout de même du succès.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’enjeu pour les opérateurs. D’une part, «l’explosion des messageries instantanées fait exploser les volumes de data consommés par les abonnés», ce qui pousse les opérateurs à investir dans les nouveaux réseaux comme la 4G. D’autre part, ceux-ci essaient d’être présents sur ces marchés en passant des accords avec des services d’appel vidéo comme Tango pour les abonnés 4G de SFR, ou pour Orange en intégrant dès 2013 à ses téléphones une nouvelle norme de communication enrichie appelée «joyn».

Une stratégie bien comprise par BlackBerry, qui a pris le parti de «s’aligner avec les offres des opérateurs pour qu’ils ne voient pas BBM comme un service qui va cannibaliser leur offre, mais qui va l’enrichir», et qui sera un argument de vente, explique David Derrida, directeur produit chez RIM.