Quoi de neuf sur «votre» télévision? La TSR mise désormais sur l'information de proximité. Dès le 17 août, entre Top Model et le Téléjournal, le nouveau journal régional va occuper une place prépondérante. Son nom: Tout à l'heure. Sa durée: quarante au lieu des treize minutes du défunt TJ Région. Au total, plus de 70 personnes participeront à ce programme d'information. «Cela correspond au lancement d'un nouveau titre» explique Pierre-François Chatton, responsable du projet. Pour se donner les moyens de ses ambitions, la télévision a renforcé ses équipes de correspondants provenant des médias locaux, de la TSR et de la RSR. Douze personnes en Valais, neuf à Fribourg et autant dans le Jura viennent compléter les trois rédactions de Genève, Vaud et Neuchâtel. Le coût de l'opération est estimé à dix millions par an.

Regards croisés

Responsable du bureau valaisan, Marie-Ange Schoepflin s'enthousiasme de ce projet: «Le grand défi du journal, c'est de présenter des sujets régionaux qui intéressent tous les téléspectateurs romands». Arrivée à la TSR en 1975, Marie-Ange Schoepflin s'occupait jusqu'alors de la coordination des correspondants romands au Téléjournal. «Des regards croisés», un «journalisme prospectif»: les termes qu'elle utilise pour définir le concept de nouveau journal régional ne manquent pas. Mais pour le téléspectateur, Tout à l'heure, c'est avant tout un programme présenté par Isabelle Biolley et Didier Pradervand. Divisé en huit modules, il se décline autour d'un vocable générique. De Tout temps à Tout sport en passant par Tout un jour, le téléspectateur va découvrir la vie des régions à travers la météo, un événement de l'actualité, les archives de la TSR ou des idées de sortie. Toute la palette des rubriques d'un journal sera présente dans Tout à l'heure. Pour le tenir en haleine, les journalistes ont pour mission de décaper les événements de leur vernis institutionnel: «On pourra faire une télévision plus spontanée, moins léchée mais aussi plus délirante. Cela ne s'est jamais fait en Suisse romande», explique Olivier Cajeux, responsable de la rédaction fribourgeoise.

La grande nouveauté de ce programme: l'autonomie donnée aux différentes rédactions. Ce qui implique des changements au niveau de l'organisation: «Jusqu'à maintenant les sujets étaient montés à Genève. Le journaliste n'avait aucun contrôle sur le produit fini» commente Marie-Ange Schoepflin. Dès le 17 août, les informations régionales seront conçues dans leur ensemble et en toute indépendance. Terminée l'époque où la rédaction centrale décidait à elle seule du contenu du journal régional. Un changement qui a valeur de petite révolution dans une télévision au concept encore très centralisateur. Pour Olivier Cajeux, «ce changement est essentiel en terme de qualité». Grâce aux moyens techniques mis en place, les rédactions régionales en prise avec un terreau pourront travailler de manière souple et créative. «Partir en reportage avec deux caméras, cela représente de nouvelles possibilités d'expression visuelle. Cela permet une meilleure adéquation entre l'événement et les moyens.»

Cette nouvelle interprétation de journalisme local et télévisuel implique un certain esprit: «L'idée est de créer une vraie réflexion éditoriale au sein des rédactions régionales, souligne Pierre-François Chatton. Faire de l'information de proximité n'est pas synonyme de télévision provinciale». Inscrit dans une politique de régionalisation de la TSR, Tout à l'heure veut avant tout mieux servir le téléspectateur. Pour Roger de Diesbach, rédacteur en chef de La Liberté, il «était temps que la télévision romande s'intéresse aux régions». Un avis que partagent Pierre-André Chapatte au Quotidien Jurassien et François Dayer au Nouvelliste.

Volonté d'ouverture

Pour exemple, l'emplacement de la rédaction jurassienne à Moutier montre une volonté d'ouverture géographique. Mario Sessa du Journal du Jura, parle d'un «choix judicieux». Même si l'installation de la rédaction à Moutier ne représente pas une concurrence directe, le rédacteur en chef va étoffer les informations provenant de l'Arc jurassien. Une collaboration avec les quotidiens régionaux n'est pas exclue: «Pour le moment cette volonté n'en est qu'au stade exploratoire» assure Pierre-François Chatton. En attendant, les rédactions de Fribourg, Sion et Moutier s'installent. Claudine Assad, responsable du bureau jurassien ne cache qu'il reste beaucoup à faire d'ici le 17 août.