Une liberté difficilement partagée en Israël
TELEVISION
Ce soir, Arte consacre son émission Thema aux 50 ans de l'Etat d'Israël
Les anniversaires se suivent mais ne se ressemblent pas. Il y a quatre jours, Arte fêtait l'abolition de l'esclavage; ce soir la chaîne franco-allemande consacre un long programme aux 50 ans d'Israël, dont un documentaire signé Georg M. Hafner et intitulé Gaza ou la liberté partagée. En matière de liberté, il y aurait ici beaucoup à dire; car il existe dans ce mot, qui fait la nique à l'esclavage, un hommage à la vie perçu différemment des deux côtés de la frontière séparant Israël de la Palestine dite autonome. Le film de Hafner crée, à son insu, un effet de contraste lourd de sens. Il commence par un mariage palestinien et se termine sur une figure de la tragédie et de la comédie qu'évoque un immense masque ornant l'entrée d'un Luna park sis au sud de Gaza city. La métaphore est claire: l'accès au bonheur ne se fait qu'au prix d'un drame.
Du début à la fin, le documentaire décrit parallèlement deux mondes et déroule deux vies, celle des Palestiniens confinés dans leur territoire, prisonniers de leurs rêves, mais fêtards, et celle des Israéliens retranchés dans leurs colonies, inlassables bâtisseurs d'un pays qu'ils gardent farouchement. Le dialogue entre les deux peuples relève de l'exploit. C'est ce que laisse entendre le film qui multiplie témoignages et reportages réalisés au sein des deux communautés, confronte les opinions et s'appuie sur des images d'archives évoquant la guerre des pierres. Le téléspectateur a même droit à une incursion dans l'appartement de Yasser Arafat, où la femme du leader avoue: «Nous vivons une situation conflictuelle; notre autorité est encore fragile.» Comme est fragile la situation des centaines d'habitants de Gaza qui traversent tous les jours la frontière pour aller travailler en Israël. Sur ce problème, le réalisateur insiste en oubliant néanmoins d'indiquer que malgré les bonnes intentions affichées par un entrepreneur israélien à l'égard de ses ouvriers arabes, la main-d'œuvre palestinienne est loin d'avoir acquis les droits qui lui permettent d'échapper à l'esclavage.