Et que la 2 CV de Citroën reposât en paix, le 27 juillet 1990
Revue de presse
Chaque jour de l’été, «Le Temps» se plonge dans ses archives pour évoquer un événement historique marquant. Il y a vingt-sept ans aujourd’hui, le fabricant français décidait de cesser la production de la mythique «deux chevaux»

La nouvelle était annoncée depuis quelques semaines déjà, car «le premier coup de poignard» lui avait déjà été porté deux ans auparavant, «lorsque la firme au double chevron avait décidé de fermer l’usine de Levallois». Le 27 juillet 1990, Citroën stoppe définitivement la production de la deux chevaux. A 16h, il y a vingt-sept ans ce jeudi, la dernière «Deuche» sortait de l’usine de Mangualde au Portugal, qui en produisait encore 85 par jour. Sept millions d’exemplaires en avaient été vendus depuis 1949, et c’était désormais «la moderne petite AX» qui allait la remplacer, la brave.
Aussi Alain R. Walon, dans le Journal de Genève du 6 juin, retrace-t-il «l’histoire de ce mythe de l’automobile, au même titre que la Volkswagen Coccinelle, la Fiat Topolino» chère à Nicolas Bouvier «ou la Ford T». Il est vrai qu'«en Suisse, l’avènement du catalyseur et des normes OGE 83 avaient fait disparaître ce phénomène automobile» depuis quatre ans. N’empêche, le succès de la «Deuche» reposait encore sur ceci: l’arrivée de «la motorisation populaire en France et en Europe» et l’accès désormais possible d’une voiture aux «catégories financièrement peu favorisées». De fait, la 2 CV «a rapidement accédé à l’universalité».
Walon précise que sa conception «remontait à 1935 déjà, lorsque Pierre Boulanger, directeur de Citroën, avait eu l’audace de lancer la formule «quatre roues sous un parapluie». Son cahier des charges rompait avec toutes les conceptions automobiles en vogue». Mais ce véhicule-là a fini par le transcender au fil des années, en devenant celui «de l’ouvrier, mais aussi du médecin de campagne, de l’étudiant et du globe-trotter». Conçue pour «les petites départementales françaises», la 2 CV «s’est rapidement retrouvée sur les pistes du désert, en Terre de Feu, sur les hauts plateaux du Népal et en maints autres endroits impossibles».
Pour Boulanger, il s’agissait d’«une voiture pouvant transporter deux cultivateurs en sabots, 50 kg de pommes de terre ou un tonnelet à une vitesse de 60 km/h et pour une consommation de 3 litres/100». Economique, donc, avec un critère par défaut: «L’esthétique n’a aucune importance.» Avantage, ce «véritable mécano automobile» pouvait être réparé «partout», même «avec des moyens de fortune». Et puis, son allure finalement «sympathique» allait en faire «une antivoiture». Celle qui fut, qui reste parfois encore «la favorite des écologistes» et des «pragmatiques».
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