La 5G est-elle le saint graal que l’on nous promet?
Opinion
OPINION. L’arrivée en Suisse de la 5G par l’opérateur Sunrise soulève beaucoup de questions, écrit le chef d’entreprise Serge Thorimbert

Sunrise… Joli nom en vérité pour évoquer l’aube d’un rayonnement nouveau: la 5G. La justification du développement de la 5G repose sur un trafic des données toujours plus important, ainsi que sur la rapidité accrue du transfert et de l’accès aux données. Selon le site de Sunrise, «la 5G permet à un nombre illimité d’appareils de transférer aisément des données de manière simultanée. C’en est fini des connexions lentes à internet lorsque tout le monde regarde des vidéos [édifiantes, bien sûr…] en streaming en même temps.» Bref, à l’instar de tout le reste, la 5G veut s’affranchir des limites, car «les hommes ne sont pas les seuls à communiquer entre eux, c’est aussi le cas d’un nombre croissant de machines et d’appareils. L’internet des objets devient réalité.»
En matière d’internet des objets, de quoi parle-t-on majoritairement? D’une nouvelle catégorie d’objets domestiques mercantiles et crétinisants, générateurs d’anthropocène, de dépendances et d’un déficit de l’utilisation de nos sens? Ou alors d’objets dont on ferait bien de se préoccuper de la portée sociale – tels les systèmes vidéo d’identification faciale –, civile et psychologique? Ou encore de leurs futurs associés, les aseptisés robots tueurs autonomes? Les trois mon général! Car, sait-on jamais, les laissés-pour-compte et les adolescents inquiets qui se lèvent aujourd’hui pourraient s’énerver… D’autant plus que la 5G sera également au service de l’accélération omnidirectionnelle des flux de matière, unidirectionnelle des flux financiers, ainsi que des transactions boursières non taxées.
Il semble évident que la population serait rassurée d’être informée des études, sérieuses et indépendantes, qui attestent de la totale innocuité de la 5G sur la biosphère
On objectera que d’autres domaines d’application «positive», telle la médecine, bénéficieront de la puissance de la 5G. Une médecine au service des nouvelles pathologies physiques et psychiques, générées par l’accélération de tout, accélération rendue possible par l’internet hertzien, avec son corollaire: l’omniprésent smog électromagnétique dans lequel nous baignons déjà.
A propos de smog électromagnétique, il semble évident que la population serait rassurée d’être informée des études, sérieuses et indépendantes, qui attestent de la totale innocuité de la 5G sur la biosphère. L’entreprise Sunrise, first on 5G, comme l’affirme son slogan, sera-t-elle aussi la première à vanter l’innocuité de la technologie qu’elle répand?
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