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Addict aux braquages, puis à la philosophie

OPINION. La vie de Bernard Stiegler, philosophe atypique, a été transformée par un séjour en prison. Il insiste sur la puissance de son attirance pour les braquages. Plus qu’à l'argent volé, c’est à l’acte qu’il était accro

Bernard Stiegler, en 2005, à Paris. — © Ulf Andersen / Getty Images
Bernard Stiegler, en 2005, à Paris. — © Ulf Andersen / Getty Images

Après une première semaine de débats consacrésà la justice internationale, cette semaine nous revenons sur les addictions, thématique coordonnée par la journaliste invitée Malka Gouzer.

Sur ce thème lire aussi notre dossier: Addictions, entre ombres et plaisirs

Avant de devenir philosophe, Bernard Stiegler braquait des banques. Il se présentait au guichet avec un revolver et une perruque, s’emparait du butin puis rentrait chez lui écouter du jazz. L’entreprise s’est avérée fructueuse une fois, puis deux, puis trois. A sa quatrième effraction, il se fait pincer. Il a 26 ans, une épouse et une fille. Il est condamné à 5 ans de prison ferme. Encagé, il contemple le suicide, entreprend une grève de la faim puis, de fil en aiguille, parvient à dévier le tir de ses désirs. Ce n’est plus la perspective de réitérer un hold-up armé qui le maintient en vie, mais celle d’accroître ses connaissances philosophiques. L’énergie obsessive est la même, c’est simplement l’objet qui change.

Bernard Stiegler reviendra des années plus tard sur les sensations inouïes qu’il éprouvait lorsqu’il braquait une banque. C’était moins l’argent qui le poussait à répéter ce passage à l’acte que la recherche ou les retrouvailles de sensations inexistantes ailleurs. «C’est un moment d’extralucidité dans lequel les capacités attentionnelles sont multipliées par dix»,décrit-il sur l’antenne de France Culture. «Un des grands problèmes des gens qui font des hold-up, ce sont les shoots d’adrénaline auxquels ils deviennent accros.»

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