Les suivantes, mieux nourries, n'ont retenu que la malice de ce pourcentage: 89% de déchet pour 2% d'utile. C'est ainsi qu'elles en sont venues à baptiser «spam» (minuscules) la quantité de messages non désirés déboulant sur les adresses électroniques. Un sketch des Monty Python de 1970 a servi de modèle: le client d'un restaurant, demandant le menu, s'entend répondre: «des œufs et du bacon; des œufs, des saucisses et du bacon; des œufs et du SPAM; des œufs, du bacon et du SPAM; des œufs, du bacon, des saucisses et du SPAM; du SPAM, du bacon, des saucisses et du SPAM; du SPAM, des œufs, du SPAM et du SPAM…» pendant qu'un groupe, à une autre table, chante à tue-tête SPAM, SPAM, SPAM, lovely SPAM…
Les fans des Monty Python étaient ceux-là même qui allaient s'élancer sur Internet et se l'approprier culturellement. Un premier a utilisé le mot «spam» (minuscules) en 1993 pour qualifier des messages répétés par erreur sur une messagerie interne. La métaphore a plu. Elle ne s'est plus arrêtée.
La Hormel Foods Corporation, productrice du SPAM (majuscules), poursuit actuellement pour détournement de marque la société SpamArrest, spécialisée dans la lutte anti-spam. Elle n'aurait pas le droit de se servir du mot «spam», même en minuscules. «Personne ne confondrait un programme électronique de suppression de courriels non demandés et une boîte de viande hachée», rétorque cette dernière. Mais Hormel prétend qu'à force d'utiliser ce mot pour décrire une activité détestable, le SPAM (majuscules) risque le discrédit. «Nous voulons éviter d'avoir un jour à répondre à la question d'un client: qu'est-ce qui vous a pris de baptiser votre viande du nom d'un rebut électronique?»