ÉDITORIAL. Vladimir Poutine ne comprend qu’un seul langage, celui de la force. Et pour le contraindre à négocier sérieusement, il n’y a pas d’autre moyen que de lui faire subir de très lourdes pertes militaires
Mardi, le 62e jour de la guerre en Ukraine a franchi une étape qui pourrait façonner les nouveaux équilibres mondiaux. A l’initiative de Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense, plus de 40 pays se sont retrouvés sur la base militaire américaine de Ramstein, en Allemagne, pour accélérer les livraisons d’équipements militaires à l’Ukraine.
Officiellement, il est question d’aider l’Ukraine à défendre son territoire. En vérité, il s’agit de battre la Russie. De lui infliger une cuisante défaite, pouvant conduire à un changement de régime à Moscou.
Lire aussi: Armer l’Ukraine, mais aussi «affaiblir» la Russie
Pour cela, Lloyd Austin s’est dit prêt à «remuer ciel et terre». Et nul doute que les Etats-Unis vont joindre les actes à la parole, à la tête d’une coalition plus large que l’OTAN, qui réunit les Européens mais aussi le Qatar, le Maroc ou Israël. Des bruits de bottes qui tranchent avec le voyage sans doute illusoire à Moscou du patron des Nations unies, Antonio Guterres, au même moment. Il s’est retrouvé bien seul à parler corridors humanitaires à la table immense de Vladimir Poutine.
Un conflit qui durera des mois, peut-être des années
Il a été convenu que l'«Ukraine Contact Group», comme s’est appelée la coalition des 40, se réunira chaque mois dans un lieu différent. Cela donne une indication sur la durée du conflit à laquelle il faut s’attendre: des mois, peut-être des années.
Lire aussi: La très discrète visite de Blinken à Zelensky
Après le 24 février, les Etats-Unis ont hésité entre un soutien modéré à l’Ukraine, pour éviter qu’elle ne s’écroule trop vite, et la ligne dure des faucons de la Maison-Blanche: profiter de l’occasion pour stopper net Poutine en Ukraine. Cette stratégie a fini par l’emporter, au vu probablement de l’incroyable et courageuse résistance ukrainienne et des difficultés russes à progresser sur le terrain. L’idée est que Vladimir Poutine ne comprend qu’un seul langage, celui de la force. Et que pour le contraindre à négocier sérieusement, il n’y a pas d’autre moyen que de lui faire subir de très lourdes pertes militaires.
De fait, la Russie a désormais tout à perdre en Ukraine, bien davantage que la vie de ses soldats. Un pétrin dans lequel elle s’est fourrée toute seule. Il n’en reste pas moins que ce but de guerre désormais fixé par la coalition des 40, battre la Russie, n’est pas anodin. Il annonce une guerre totale, peut-être mondiale comme en menace le Kremlin.
Vos contributions
connexion créer un compte gratuit
Il y a 3 semaines
L’autocrate Poutine et ses acolytes, patriarche inclus, tous corrompus de longue date, utilisent le mensonge diabolique, les menaces et la violence brutale, sans état d’âme, pour assoir leur pouvoir. Pas certain que l’affaiblissement de leur système « politique » puisse les conduire à négocier.
Il y a 3 semaines
Et que connaît le commanditaire de cette guerre par procuration pour arriver à imposer son hégémonie mondiale ?
La ruse, la contrainte, le chantage et la force. Le F-35 en est un bel exemple.
Que l'on cesse de reprocher aux Russes qui sont pratiqués au quotidien par nos prétendus alliés.
Il y a 3 semaines
Il a fallu une 2ème guerre mondiale pour arrêter Hitler. Il en faudra peut-être une 3ème pour arrêter Poutine.
Il y a 3 semaines
Il faudrait aussi suivre les flux d'argent colossaux qui maintiennent en vie la machine guerre de Poutine.
Et je pense sincèrement que les journalistes pourront le faire en analysant des données qui ne manqueront de leur parvenir et ensuite en les publiant pour que les organismes compétents puissent agir et bloquer les organismes financiers en Suisse et ailleurs qui détiennent ces comptes.
Il y a 3 semaines
Les dictateurs finissent toujours par passer à la trappe, c'est une constante de l'Histoire. Poutine ne fera pas exception, c'est une question de temps, de moyens et surtout, de courage et de fermeté. L'Ukraine et son peuple nous montrent la voie...
Il y a 3 semaines
Je ne sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais ce dont je suis sûr, c´est que la quatrième guerre mondiale se résoudra à coups de bâtons et de silex.
Albert Einstein
Il y a 3 semaines
Donc, l’occident se battra contre la Russie jusqu’au dernier soldat, et peut-être civil, ukrainien. On sait généralement comment une guerre commence, très rarement comment elle finit. Inquiétante répétition de l’enchaînement de décisions et d’événements qui, entre 1913-……1945 ont conduit à l’effondrement de l’Europe! La seule bonne nouvelle, c’est que la 3ème guerre mondiale, nucléaire cette fois, sera la dernière.
Et personne pour calmer les va-t-en guerre de cette planète??
Il y a 3 semaines
Il n'y a pas de doute sur le fait que Poutine est un dirigeant violent et que sa perte serait de bonne augure. Cela dit, on ne balaie pas facilement ce genre de personnage, dans ces conditions serait-il judicieux que l'Ukraine lâche une partie de son territoire à l'Est plutôt que de craindre un conflit toujours en extension, la chute de territoires plus grands, ou un geste fou d'un Poutine acculé ? Je ne fais que poser la question, je n'ai pas d'avis particulier.
Dans un autre registre, si la Russie avait pu s'engager dans une véritable démocratie pluraliste à la fin des années 90, alors:
l'OTAN aurait disparu ou aurait intégré la Russie en son sein,
la Russie serait devenue membre de l'UE,
le pluralisme aurait été la règle,
les journaliste libres d'exister et de travailler,
la population informée,
le commerce et non la guerre au centre des échanges,
bref, nous aurions pu collectivement focaliser notre énergie sur les vrais problèmes du siècle, et en passant affaiblir la dictature chinoise...
On peut toujours rêver... ou espérer que quelques oligarques plus éclairés préparent une révolte efficace...
Il y a 3 semaines
Si cela ne tourne pas au drame général, cette guerre longue annoncée sera de toute façon dévastatrice pour l'Ukraine, la Russie, et un affaiblissement pour l'Europe. Une paix serait meilleur pour tous. Mais comme dit dans l'article, depuis le retrait russe du nord, il semble que la partie ukrainienne ne veut plus négocier, et les US, ni les européens ne semblent les y pousser. L'objectif semble la prise du Dombass et de la Crimée, ce qui effectivement assure une guerre longue et risque tous les dérapages.
Pourquoi négocier une perte de la Crimée, l'autonomie du Dombass au sein de l'Ukraine (ce que prévoyait les accords de Minsk) et une neutralité de l'Ukraine ne sont-ils plus à l'ordre du jour? Si cela pouvait éviter encore des milliers de morts et un risque pour le mondre entier, n'est pas une voie plus souhaitable que vouloir une guerre longue durée pour affaiblir la Russie? N'est-ce pas ce que des politiciens responsables devraient rechercher?
Pour être prêt à négocier, il est utile de voir que cela a commencé: une forme de guerre civil en 2014, sur fond de tension d'influence entre la Russie et l'Occident (coup d'Etat à Kiev, puis révolte à l'est et rattachement à la Russie de la Crimée). La position Ukrainienne depuis met en avant sa souveraineté, avec raison, et les autonomistes du Dombass leur droit à disposer d'autonomie, avec raison.
Qui aujourd'hui refuse de négocier? Et pourquoi?
Il semble qu'affaiblir la Russie soit plus important que de faire la paix.
Critiquer la Russie de Poutine est une évidence pour à peu près tout le monde. Mais il semble que d'autres acteurs jouent la carte de la guerre au détriment des populations et de la sécurité mondiale. Il serait heureux de lire plus de personnes en appeler à la négociation plutôt que de croire ceux qui disent que la guerre est la seule solution.
Il y a 3 semaines
Etant né dans un pays de l'est qui lui même s'est désintégré par une guerre, je suis abassourdi par le manque de opinions modérées et réalistes même en Suisse, et le nombre de gens (au pouvoir) qui veulent en finir avec le plus grand pays (en surface) , au risque d'une guerre deja dévastatrice ou nucléaire. Et tout ça pourquoi?
Gens raisonables! Levez votre voix et dites aux dirigeants d'arrêter cette hystérie (des deux côtés) !
Il y a 3 semaines
"Officiellement, il est question d’aider l’Ukraine à défendre son territoire. En vérité, il s’agit de battre la Russie."
Officieusement, "battre la Russie" n'équivaut-il pas à une déclaration de guerre?
Poutine ne comprend que le langage de la force? Il est sans doute plus doué pour les concours de judo que de philosophie et la théorie, il l'utilise comme et quand ça l'arrange. Mais comment s'en étonner quand les Occidentaux - OTAN et Union européenne en tête - n'ont répondu à ses offres d'intégrer la Russie à la première et son marché à celui de l'UE que par l'arrogance et le mépris?
Depuis le 24 février dernier, il n'est même plus besoin de se demander ce que fait encore l'OTAN aux portes de la Russie, plus de trente ans après la disparition du Pacte de Varsovie. Les faits parlent d'eux-mêmes. Et si le pseudo-référendum organisé en 2014 en Crimée, la veille de son annexion, avait l'appui des "petits hommes verts" téléguidés du Kremlin, Kiev et le bataillon Azov n'avaient pas moins celui des Américains, et pas que du genre "conseillers techniques" propres en ordre, à la façon Kennedy aux débuts de la guerre du Vietnam.
Comment s'étonner dès lors si, après les révolutions orange de 2004 et de Maïdan en 2014, le petit tsar ubuesque, ex-agent du KGB en manque de repères idéologiques après la chute de l'URSS, ait perdu patience?
D'autre part, les économies mondiales mises à genou par deux ans de pandémie n'ont rien trouvé de plus intelligent que de se faire la guerre pour relancer leurs PIBs respectifs.
Et si l'UE interdit la vente de salade russe, de caviar et de vodka sur les rayons des supermarchés de ses pays membres, tout en "oubliant" de sanctionner pétrole, gaz et charbon russes, dont l'achat (de 44 milliards d'euros depuis le 24 février dernier) est la première source de financement de la machine de guerre russe, si Kiev continue à faire transiter le gaz russe par son territoire et en touche les redevances de Moscou, tandis que sa population meurt sous les bombes russes - bref, si c'est "business as usual" -, qui donc est responsable de faire durer la guerre? Qui ment le mieux?
Avec le feuilleton guerrier, la presse, en crise depuis l'avènement d'Internet et aux soins intensifs, sinon en état de survie, ne devrait d'ailleurs pas être en reste. Quoi de mieux, en effet, pour s'assurer la fidélité des lecteurs qu'une bonne série de massacres à vendre?
William Randolph Hearst l'avait bien compris: pour relancer les ventes de son journal périclitant, n'avait-il pas hésité à déclencher une guerre? A ses reporters déjà sur le terrain, il disait:
- Send me pictures, I send you war.