Opinion
AbonnéOPINION. Quatre semaines après le début de ce que les médias nomment «la guerre du Karabakh», l’impensable moral continue de se produire dans le silence des nations. Cent cinq ans après le génocide des Arméniens, la survie de ce premier peuple chrétien qui ne demande qu’à vivre paisiblement sur ce qu’il lui reste de ses terres historiques est en jeu, écrit le professeur d’ethnologie Christian Ghasarian

Revenons sur le contexte historique du conflit. Dans l’élan de la révolution bolchevique, la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan fut créée en 1921 avec l’inclusion dans ses limites territoriales d’une partie de l’Arménie appelée le Haut-Karabakh, tandis que l’autre partie, plus grande, constitua une des 15 autres républiques soviétiques. Ce découpage consistant à attribuer à l’Azerbaïdjan cette région historiquement arménienne, comme en attestent des églises dès le VIe siècle, fut imposé par Staline aux Arméniens pour affaiblir cette population afin de contenter les sentiments arménophobes de la Turquie.
Lors de l’effondrement de l’URSS en 1991, comme d’autres républiques soviétiques, l’Arménie et l’Azerbaïdjan acquirent leur indépendance. Le territoire arménien du Karabakh chercha alors à se rattacher à la nouvelle République d’Arménie. Il s’ensuivit des massacres d’Arméniens en Azerbaïdjan. L’Arménie vint au secours de ses compatriotes et, après une guerre de près de trois ans, faisant 30 000 morts, la situation se stabilisa avec l’armée arménienne protégeant la population du Karabakh des attaques azéries dans une zone tampon autour de la région. Les négociations pour trouver une résolution diplomatique à cette situation provisoire n’ont jamais abouti malgré les efforts du Groupe de Minsk (constitué des Etats-Unis, de la Russie et de la France), car l’Azerbaïdjan n’a jamais accepté l’indépendance du Karabakh, dont la reconnaissance internationale officielle n’a jusqu’à ce jour pas eu lieu.