L’interview de Madame Keller-Messahli sur le niqab parue dans votre journal m’a interpellée à plus d’un titre. Moi-même musulmane, je soutiens sans réserve la votation car ma compréhension de l’islam est sereine, d’une approche spirituelle plutôt que rituelle, privilégiant la paix à la controverse. Toutefois, dans le contexte actuel de passion et de tension que nous vivons dès qu’il s’agit d’islam, je ne saurais dire si le choix des intervenants pour en parler est vraiment judicieux.
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D’abord, je déplore que Madame Keller-Messahli se réfère à la sourate 24 (Nour, versets 29 et 30) et à l’interprétation qui en est faite par les Frères musulmans «érotisant» tout le corps de la femme et instituant le voile intégral pour ne pas succomber à la tentation, sans toutefois éclairer les lecteurs sur son véritable contenu. Or, que dit-elle? Dans cette sourate, révélée pour condamner l’adultère autant que la diffamation, il y a une recommandation faite tant aux hommes qu’aux femmes de baisser les yeux afin de ne pas être «tentés» si leurs regards venaient à rencontrer un objet suscitant le désir, et de préserver leurs organes sexuels, c’est-à-dire rester chastes ou fidèles. Ensuite, on y trouve une recommandation faite aux femmes dans l’espace public, de porter des habits amples couvrant leurs hanches, c’est-à-dire les fesses et la poitrine, mais ne dit pas de cacher le visage. Les femmes sont libres de s’habiller comme elles le souhaitent dans l’espace privé, en présence d’autres hommes du cercle familial ainsi que leurs serviteurs masculins mariés. L’interprétation islamiste purement masculine s’oppose autant à la lettre de la sourate 24 qu’à l’esprit de l’islam puisqu’elle ignore l’injonction divine dans la sourate 2 (Al-Baqara verset 256): Nulle contrainte en religion!
Ensuite, je n’ai pas eu le privilège de lire le livre de l’islamologue Andreas Tunger-Zanetti, et ne manquerai pas de le faire. Toutefois, Madame Keller-Messahli qui se proclame d’un islam progressiste disqualifie son travail à la hâte à la seule «lumière» d’une interview dans la NZZ. Une attitude quelque peu… extrémiste, et m’autoriserait presque à en faire autant la concernant, si je devais évaluer son travail à la lueur de cette seule interview parue dans Le Temps. On est loin d’autres progressistes telles que Fatima Mernissi ou Amina Wadud.
■ La médaille d’or du courage et de l’éthique
Jean Schaer, Vevey (VD)
Grâce à la pression internationale (pays, sponsors, équipes, etc.), les Championnats du monde de hockey 2021 n’auront pas lieu en Biélorussie et c’est heureux. Et autant dire que Monsieur Fasel n’y est pas pour grand-chose, lui qui croit encore que le sport peut faire fléchir une telle dictature!
Pourquoi offrir une telle vitrine à deux pays qui bafouent les droits de l’homme?
Mais que dire alors de la tenue des Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022 et de la Coupe du monde de football au Qatar la même année. Pourquoi offrir une telle vitrine à deux pays qui bafouent les droits de l’homme (par exemple, les exactions exercées par le pouvoir chinois envers les Ouïgours: millions de personnes placées en camp de rééducation avec «lavage de cerveau», soumises au travail forcé, femmes contraintes aux avortements et stérilisations forcées)?
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Cet eugénisme ethnique mérite largement un retrait des pays, des athlètes, du public et des sponsors qui défendent les droits de l’homme et la démocratie. Bien sûr, ces décisions sont difficiles à prendre pour des sportifs et sportives focalisé·e·s sur ces échéances. Mais un tel boycott n’aurait-il pas plus de valeur que l’extermination culturelle d’une population? Un tel choix de la part d’un·e athlète ne mériterait-il pas la médaille d’or du courage et de l’éthique?
■ L’hypothèse d’un plan de sauvetage
Pierre Alain, Cologny
Le drame serait de négliger la population au nom de l’économie. Des révolutions se fomenteraient et le libéralisme auquel je crois fermement quand il est honnêtement appliqué prendrait du plomb dans l’aile. Ne serait-il pas temps d’agréger, par les moyens les mieux adaptés, des philosophes, des psychologues, des mathématiciens de pointe, pour nous proposer un plan de faisabilité quant à l’instauration d’un revenu universel financé par des taxes sur les rendements de l’intelligence artificielle et de la robotique, principales forces de travail dans un futur relativement proche, peut-être? Cela pour que, sur toute la Terre, chacun de nous puisse au moins se loger, manger à sa faim, se (faire) soigner, en cas nécessité?
■ Chez Novartis, des débordements écœurants
Daniel Rohrbasser
Le 26 de ce mois, Novartis, dont je suis actionnaire, a annoncé une hausse de +20% de sa rentabilité nette: Magnifique! Le conseil d’administration a donc décidé de remercier ses actionnaires et d’augmenter le dividende de 0,05 centime: +2%. Une aumône.
D’autant plus que le prix de l’action a baissé de plus de 10% en 2020. A ce niveau, l’actionnaire se demande si on ne se moque pas de lui (et je reste poli).
Il en a la confirmation quand il apprend que durant la même période le directeur général a perçu une rémunération de 12,72 millions de francs, soit une augmentation de plus de 15% par rapport à l’exercice précédent.
Qu’est-ce qui justifie un salaire aussi mirobolant? Quel est son niveau par rapport au salaire moyen d’un employé de Novartis? Pourquoi nos fonds de pension qui sont les actionnaires majoritaires acceptent-ils ces débordements?
Ecœurant!
■ A Lausanne, 30 ans et quelques pistes cyclables!
Sandro Patronaggio, membre du Comité directeur du PLR Lausanne
Depuis 1986, la ville de Lausanne est devenue de plus en plus rouge. Rouge politiquement et rouge pour sa circulation. En effet, depuis que la gauche a pris la majorité à la municipalité et au Conseil communal de Lausanne, ils n’ont eu de cesse de proposer une mobilité plus respectueuse de l’environnement, ce qui est sur le fond une bonne chose. Toutefois, en trente de majorité, qu’ont-ils proposé aux Lausannois? Rien. Pourtant ça ne les empêche pas de demander une nouvelle fois la confiance des citoyens pour appliquer le tout vélo au centre-ville et de réduire à 30 km/h la vitesse maximale pour les véhicules motorisés.
Ma ville mérite mieux que quelques pistes cyclables et bacs à fleurs
Résultat, au lieu d’avoir utilisé ces trente dernières années à préparer cette transition, aujourd’hui il faut que tout le monde passe au vélo sans réflexion cohérente sur la mobilité de notre capitale. Cela dit, je suis injuste, car, c’est vrai, les Verts lausannois vous proposent de renoncer complètement à votre voiture en échange du plantage équivalent à la surface d’une place de parc. Finalement, ma ville mérite mieux que quelques pistes cyclables et bacs à fleurs. Lausanne a besoin de concilier la mobilité multimodale avec ambition pour continuer à être une ville-centre de portée internationale. Lausanne, c’est une dynamique qui insuffle de l’énergie à travers ses institutions sportives, académiques et de recherches médicales. Si les moteurs à combustion sont un problème, les moteurs électriques, eux, permettent déjà de tendre vers une diminution de ces nuisances, comme le font depuis des décennies nos bus. Je suis PLR et je veux une ville à la hauteur des défis qui nous attendent.
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La semaine passée: Vous nous avez écrit sur… la fiscalité genevoise, la burqa, les recrues à la maison, la Chine et Israël