Boris Johnson compte enfin démissionner, ce qui devrait arranger le gouvernement écossais, le premier ministre britannique étant farouchement opposé à la tenue d’un deuxième référendum sur l’indépendance, que la première ministre écossaise Nicola Sturgeon veut tenir le 19 octobre 2023. Cela dit, Mme Sturgeon a peut-être erré en demandant à la Cour suprême britannique de déterminer si le Parlement écossais avait le pouvoir de légiférer pour tenir un référendum sans l’approbation du gouvernement britannique. Il ne fait aucun doute que ladite cour établira que l’accord de Londres est nécessaire. Madame Sturgeon sera alors bien avancée. Comme il y a eu le précédent d’un accord entre Édimbourg et Londres relativement à la tenue du référendum de 2014, des Écossais soucieux du respect des lois seront réticents à la suivre le jour tant attendu du vote, s’il n’y en avait pas cette fois.
L’ancien premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, a dit déjà de la Cour suprême du Canada, d’inspiration britannique, qu’elle est «comme la tour de Pise: elle penche toujours du même bord». À Ottawa comme à Londres, les juges sont nommés par le pouvoir central. Élémentaire mon cher Watson.
Il n’est pas trop tard pour le gouvernement écossais d’annuler sa requête. Quinze mois vont s’écouler d’ici la tenue du référendum, cela donne du temps. Le nouveau premier ministre britannique pourrait se montrer plus ouvert que BoJo s’il veut être reconduit en 2024. Sans compter que de nouvelles élections pourraient avoir lieu; si les travaillistes prenaient le pouvoir, tout pourrait être différent. Que le gouvernement britannique se montre ouvert ou non, Mme Sturgeon se présentera le moment venu devant son vis-à-vis à Londres et lui rappellera que deux États ont librement fusionné en 1707 et que l’heure est venue d’aller chacun de son côté. S’il refuse de donner son aval, elle n’aura d’autre choix que de foncer et de tenir malgré tout son référendum. Pour l’encourager, je lui mentionne que le Québec n’a pas demandé la permission au Canada (qui est une création britannique) pour tenir les référendums de 1980 et de 1995.
Pour finir, je pense que si la reine Élisabeth II, 96 ans, quitte ce monde avant le référendum, et que son fils Charles (moins aimé des Britanniques) la remplace, le OUI l’emportera en Écosse. Le cas échéant, le roi Charles perdra son palais d’Holyroodhouse dans la capitale écossaise.
A Genève, tirer sur le messager pour oublier le message
Christine Du Pasquier, Lausanne (VD)
L’article de Laure Lugon Zugravu (Candide et le doux vrombissement des marteaux-piqueurs, paru le 2 juillet 2022), certes plein de mordante ironie, fait grand cas de l’erreur de Frédérique Perler autour de l’intervention de citoyens projetant de revégétaliser un peu de bitume. Ce billet s’intéresse à notre démocratie et à ses dérapages et fera le beurre des opposants à cette élue. Pourtant il détourne du sujet essentiel qui est celui de l’urgence climatique et contribue indirectement à alimenter un immobilisme qui nous nuit à tous, que l’on soit de droite ou de gauche. Relever les erreurs des élus est un rôle fondamental des médias. Mais dans quel but? Dans celui de rendre encore plus rigide un système politique inadapté à l’urgence du moment, ou dans celui d’améliorer notre société? Ici, cette «faille» de Madame Perler devrait nous inviter à penser: comment se fait-il que des décennies de demandes de végétalisation des Pâquis n’aient toujours pas abouti? Les mouvements citoyens pour le climat sont encouragés, mais qu’en fait-on? La maladresse de cette élue n’est-elle pas révélatrice de l’absurdité ou de la péremption de certains règlements et ne serait-elle pas nécessaire pour avancer à la juste vitesse? En d’autres termes, la rigidité d’un système qui ne supporte aucune faille, n’a aucune clémence, n’est-il pas témoin de la peur du changement et mortifère? Puissions-nous reconnaître certaines imperfections comme fécondes et avancer vers le progrès environnemental!
A Genève, éviter que la ville devienne une fournaise
Anne Salberg, Plainpalais (GE)
Habitante en Ville de Genève, je veux que mon administration cantonale et municipale fasse tout ce qui est nécessaire pour que les îlots de chaleur soient réduits. Pour cela, il convient de «dégoudronner» l’espace public et de le végétaliser. La chaleur record du printemps 2022 montre combien il est urgent de prendre des mesures rapides pour éviter que la ville ne devienne une fournaise.
La réduction du trafic automobile, l’interdiction de circulation des grosses cylindrées en période de fortes chaleurs ou de brouillard persistant en hiver, le développement des transports publics et des pistes cyclables sont d’autres mesures indispensables.
La récente polémique de certains partis politiques genevois qui instrumentalisent un fait divers ne fait pas honneur à ces partis, plus prompts à tirer sur le messager que de se positionner sérieusement sur notre qualité de vie en Ville de Genève.
Face au changement climatique, une seule solution, tirer tous et toutes à la même corde pour préserver notre qualité de vie.
Le prix du lait et le rôle des consommateurs
Rose Morisod Muveran, Monthey (VS)
Un article de 2 pages pour nous dévoiler les marges exorbitantes que prennent les grands distributeurs sur la vente des produits laitiers!!! Comme si le public, connaissant le prix du lait en magasin et son prix d’achat aux paysans, n’avait pas su calculer ces marges jusqu’à aujourd’hui! Monsieur Prix a-t-il découvert le fil à couper le beurre? En 2020, j’avais félicité Anne Chenevard [du collectif Lait équitable, ndlr] pour son combat pour obtenir 1 fr. par litre de lait produit (même tarif qu’il y a 30 ans!). Que faisait l’Union suisse des paysans? Pourquoi n’est-elle jamais montée aux barricades pour recevoir un prix juste du lait? J’ai appris par un paysan, qui disait ne pas vouloir s’exprimer par peur de voir ses camarades lui tourner le dos, que de nombreux paysans étaient satisfaits de recevoir ces subventions et ne voulaient pas que cela change. Le profit qu’ils en tirent est satisfaisant par rapport au travail que les surfaces à entretenir (ou pas, selon leur conscience) leur donnent. D’autres se sont mis à transformer eux-mêmes leur lait en faisant du fromage. Ils s’en sortent.
Madame Chenevard me prévenait d’une possible pénurie de beurre chez nous! Les grands distributeurs préfèrent acheter le lait à l’étranger moins cher pour augmenter leur marge de bénéfice. Ça les arrangerait qu’il n’y ait plus de lait à acheter en Suisse: d’où une mort peut-être programmée de la paysannerie en Suisse: adieu, l’autonomie alimentaire de notre pays!
Donnons un salaire aux paysans pour leur participation à l’entretien de notre territoire! Arrêtons de subventionner indirectement la Migros et la Coop et exigeons de leur part un prix d’achat du litre de lait décent et juste. Souhaitons que les consommateurs suisses évitent d’aller acheter leur beurre en France voisine, conscients de leur rôle à jouer dans la continuité de la production laitière suisse.
Le hold-up des industriels du lait
Ernest Badertscher, Orbe (VD)
Votre excellent article sur le prix du lait sur trois pages m’a interpellé. Selon les statistiques suisses de 2020 concernant le lait, il y a une production laitière de trois millions et trois cent huitante-quatre mille tonnes de lait par année. 47% sont transformés en fromage et 27% en lait de consommation, yogourt et lait de conserve, soit neuf cent mille tonnes, avec une teneur en matière grasse de 4,0%.
La Suisse s’est rapidement alignée sur l’Europe pour définir le lait entier avec une teneur de 3,5% de matière grasse comme lait soi-disant entier. Auparavant, le terme «lait écrémé» devait apparaître sur les emballages. Vite oublié et c’est un business en or massif. Un kg de lait contient 40 g de matière grasse et il est vendu avec 35 g, d’où 5 g de soustraction ou 6 g de beurre à 12 fr le kg cela représente 7,2 centimes. Ils auraient pu le reporter sur le prix du lait.
Non, au contraire, un paysan de ma région, dont le lait était légèrement moins gras a vu sonprix du lait diminué! C’est un vol de 65 millions de francs pour ces 5400 tonnes de beurre, qui fait mieux! Les grands distributeurs ont le monopole sur le lait et ils imposent les prix aux agriculteurs et aussi pour de nombreux autres produits agricoles. L’Union suisse des paysans ne défend pas les agriculteurs, mais la politique du Conseil fédéral. Cette politique qui met 10% des surfaces agricoles utiles en jachères soit environ 100 000 hectares, en compensation dite écologique pour 3 milliards de francs. Alors que nous ne produisons que 50% de nos besoins et que notre blé n’utilise que 80 000 hectares et nous en produisons suffisamment. C’est un non-sens car le sol doit produire des aliments. Et ils pensent augmenter ces surfaces pour acheter à l’étranger à vil prix!
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