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La menace d’un lent isolement de la Suisse

Michel Barde, ancien secrétaire général de la Fédération des entreprises romandes

Bravo pour l’article de M. Petignat «La névrose de l’échec» dans Le Temps du 23 janvier concernant les tergiversations de la Suisse dans ses relations avec l’Union européenne. Ayant bien connu feu le secrétaire d’Etat Franz Blankart, je confirme ce qui est écrit, en me permettant d’y ajouter ceci: six mois avant le vote sur l’Espace économique européen (EEE) du 6 décembre 1992, le Conseil fédéral, avec l’aval du peuple, adhérait au FMI et à la Banque mondiale, ce qui le conforta dans l’idée d’une adhésion à l’UE, démonétisant du même coup la votation sur l’EEE.

Le Conseil fédéral tergiverse à nouveau, sans voir que le problème est d’abord suisse avant d’être européen.

Dans le même temps, le journaliste Jacques Pilet se répandait dans les médias en faveur d’une adhésion à l’UE. Et il arriva ce que Franz Blankart avait prédit, à savoir l’échec de la votation sur l’EEE, échec qui n’a pas fini de nous causer des problèmes. Pour y faire face, voilà des années que la Suisse tente de négocier un accord-cadre avec l’UE pour consolider tous les accords précédents et en accompagner les évolutions. Mais le naturel revenant au galop, le Conseil fédéral tergiverse à nouveau, sans voir que le problème est d’abord suisse avant d’être européen. Et l’on a même vu Mme Calmy-Rey, ancienne ministre des Affaires étrangères, dénoncer avec d’autres signataires l’accord négocié par son ancien adjoint, M. Balzaretti!
Ce qui menace la Suisse, dans ses valeurs économiques et culturelles, c’est un lent isolement et cela au moment même où l’Europe se doit d’être unie pour exister face aux puissances que sont la Chine, la Russie, les Etats-Unis et quelques autres.


Identification électronique, un besoin urgent

Henri Garin, Adliswil

Vous avez publié une opinion très intéressante de Mme Nuria Gorrite, conseillère d’Etat vaudoise, sur le numéro d’identité électronique e-ID. Permettez-moi en tant qu’ancien directeur de la Centrale de compensation, office fédéral qui crée et distribue entre autres le numéro AVS depuis le début de cette assurance fédérale en 1946, puis créateur et directeur de l’Office fédéral de l’informatique en 1990, office qui compte aujourd’hui plus de 1200 collaborateurs, de soutenir les vues de Mme Gorrite.

Lire l’opinion: Passeports électroniques privés: une invraisemblable bureaucratie

Cela fait des années que la Suisse devrait disposer d’un e-ID comme en possèdent un certain nombre de pays, en particulier les pays nordiques. Le fait de ne pas en avoir encore est incompréhensible dans un pays qui se veut à la pointe du progrès. Notre numéro AVS est un instrument d’identification indispensable de notre sécurité sociale. Il fut créé en 1946 où il compta d’abord huit à neuf chiffres, puis agrandi à 11 chiffres en 1970 pour tenir compte de l’augmentation importante de la population, en raison principalement de l’immigration. Ce nouveau numéro tenait compte du nom de son ayant droit, de son année de naissance, de son sexe et de sa nationalité. Il fut complètement modifié en 2001 pour s’adapter aux besoins des échanges d’informations entre l’assurance suisse et les assurances sociales étrangères.

L’économie a un besoin urgent d’un e-ID 100% sûr.

Aujourd’hui, les besoins toujours croissants d’échanges d’informations électroniques, en particulier financières, nécessitent un identifiant simple et univoque absolument sûr, les noms, prénoms et autres identifiants personnels ne le garantissant pas. On pourrait demander à l’AVS de remplir cette tâche. Mais depuis toujours, cette institution estime qu’il ne faut pas mélanger les affaires. L’économie a cependant un besoin urgent d’un e-ID 100% sûr. Mais comme pour l’AVS il doit être créé et géré par l’Etat central à prix coûtant et non par des entreprises «financières». Comme les passeports et pièces d’identité puisqu’il s’agit bien d’une pièce d’identité, électronique, mais étatique quand même. Et, comme pour l’AVS, elle doit être fournie à son utilisateur gratuitement ou à prix coûtant.


L’importance des rituels religieux en temps de pandémie

Abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie à l’Université de Fribourg

A propos de l’article de Marie-Pierre Genecand, «Des rites pour humaniser le deuil au temps du covid»

Dieu sait si je suis favorable aux rites individuels et communautaires en cas de deuil, notamment en cette période de pandémie: ils sont indispensables pour exprimer nos sentiments, vivre un partage et entamer ainsi notre processus de détachement d’avec la personne décédée. Je trouve les propositions énumérées par la thanatologue – que j’apprécie énormément – tout à fait sensées, ainsi que sa suggestion d’une journée de deuil national, pour reconnaître «nos défunts suisses du covid». Reste que je suis tout de même étonné que l’on fasse désormais comme si les rituels religieux des Eglises chrétiennes n’existaient plus et n’avaient plus aucune pertinence. Ils peuvent être mis en œuvre avec une grande liberté symbolique, se vivre au moment du décès dans des célébrations accueillant jusqu’à dix personnes et être renouvelés plus tard avec une plus grande assemblée, quand cela sera possible. Ils peuvent s’expérimenter en complémentarité avec les «nouveaux rites» évoqués. Même si, bien sûr, un certain pourcentage de la population ne s’y reconnaît plus, les funérailles des Eglises réformées et catholique touchent la majorité des familles endeuillées!


A la limite du mépris

Isabelle Brunier, Genève

Dans une opinion parue il y a une quinzaine de jours dans Le Temps, la conseillère aux Etats Lisa Mazzone a cru bon, parlant des élections américaines et de ses protagonistes, Joe Biden et Donald Trump, de les qualifier tous deux de «grabataires, mâles, blancs…», avant de détailler ce qui les distinguait à ses yeux. Ce choix des mots est cependant à la fois en partie erroné et lourd de sens. En effet, que signifie «grabataire»? Selon Le Robert, le nom ou l’adjectif s’appliquent «à une personne qui ne peut quitter son lit par maladie, faiblesse ou vieillesse».

Lire la chronique: Joe Biden, un pouvoir d’un genre nouveau

Or, ni le vainqueur ni le vaincu de cette élection ne s’y sont présentés couchés. En revanche, en usant de ce mot dans une acception négative et à la limite du mépris, cette élue du peuple genevois choisit sciemment de heurter et de stigmatiser des personnes, malades, faibles (par exemple, au hasard, après un accouchement) ou âgées qui avaient peut-être voté pour elle, ou pas. Or, lorsque l’on est élu au Conseil des Etats, on représente, avec un seul autre collègue, un canton et sa population dans toutes ses composantes, y compris ceux qui, provisoirement, ou à vie, ne peuvent quitter leur lit! Il serait donc bon, avant d’utiliser des mots que l’on voudrait percutants, de vérifier leur sens, et de se souvenir, avec une certaine humilité, que tous nous pouvons nous retrouver un jour alités, quel que soit, par ailleurs, notre genre ou notre couleur de peau!


Fermeture du campus de l’EPFL, une annonce brutale

Jonas Burgi, Lausanne

Je vous écris car vous répercutez régulièrement des informations concernant l’EPFL. Toutefois, savez-vous dans quelles conditions les étudiants, déjà épuisés par l’année que vous savez, ont appris la fermeture de leur campus? Par un mail brutal et autoritaire ressemblant à une forme de décharge de la part de la direction, au tout début de vacances d’autant plus méritées que l’été dernier avait – en plus du reste – été amputé de repos ou de temps pour travailler et payer ses études. Cette décision est sans fondement et relève d’une forme de maltraitance des étudiants à une heure où tout le monde s’alarme au sujet du décrochage.

Cette décision est sans fondement et relève d’une forme de maltraitance des étudiants.

Est-ce ainsi qu’une école publique, se vantant sans cesse de son classement international, doit lâcher ses propres effectifs? Il serait sans doute souhaitable que vous-mêmes, en tant que média professionnel et mesuré, vous cherchiez à comprendre un tel degré de fermeture alors que, comme vous le savez, l’Unil reste partiellement ouverte. Et publier les conséquences, de même que les statistiques, sur le décrochage et les résultats en baisse par la force des choses. Que les cours soient en ligne, soit. Et encore, tout le monde sait que la qualité de l’enseignement ne peut être la même. Mais que les étudiants n’aient aucun lieu pour travailler en respectant comme tout le monde les mesures de protection, c’est sidérant et scandaleux. Je compte sur vous pour éclaircir cet état de fait et favoriser une évolution positive des choses en faveur des premiers intéressés, à savoir les étudiants. Il est trop facile de compter sur la fatigue et une certaine candeur des jeunes pour imposer des décisions contre-productives.


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