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Que vaut-il mieux pour conclure un Euro de football? Tirer aux buts ou rejouer? Retour sur le succès chanceux de l’Italie contre la Yougoslavie en 1968

Une fois par semaine cet été, «Le Temps» se pare de couleurs historiques en allant faire ses emplettes sur le site LeTempsArchives.ch, qui regroupe les collections numérisées du «Journal de Genève», de la «Gazette de Lausanne» et du «Nouveau Quotidien». Pour faire résonner un fait d'actualité contemporain avec un autre, puisé dans le passé.
Coup de massue sur la tête des Anglais, défaits ce dimanche aux penaltys à Wembley. «Loterie», disent beaucoup de commentateurs. Cela rappelle la seule et dernière fois où la Squadra Azzurra, «à la maison», a remporté ce qui s’appelait alors le Championnat d’Europe des nations: 2-0 contre la Yougoslavie, après un match rejoué à la suite d’un premier nul deux jours plus tôt, 1-1 précisément.
Le 12 juin 1968, sous la plume de Frédéric Schlatter, la Gazette de Lausanne revient sur cet événement qui date aujourd’hui de plus d’un siècle. Or à l’époque, on parlait de «30 ans», trois décennies durant lesquelles ce «genre de victoires» fut «refusé» aux Italiens. Alors, «pour un si merveilleux retour (puisse-t-il assurer au football européen un avenir plus brillant!), nous aurions tous aimé que l’Italie remportât une victoire indiscutable».
«Une piécette de monnaie»…
Autrement dit, la fête aurait sans doute été plus belle si le succès eût été plus «probant» après les années de guerre et de fascisme, et après la tragédie de Superga, cette catastrophe aérienne survenue en 1949 où un vol transportant l’équipe de football du Torino Football Club, grand dominateur du calcio d’après-guerre avec quatre titres consécutifs, s’écrasa sur une colline piémontaise, provoquant la mort de 31 personnes, dont la grande star de l’époque, Valentino Mazzola. Son fils, Sandro, faisait partie de l’équipe de 1968.
Eh bien, non, regrette la Gazette, le Juin 68 de l’Italie, ce fut «avant tout le succès du plus chanceux». Car «une piécette de monnaie, en tombant d’un côté au lieu de l’autre, désigna l’Italie finaliste à la place de l’Union soviétique d’avec laquelle les Azzurri n’avaient pas pu se départager». Tirage au sort, loterie des tirs au but, la distance n’est pas si grande, avec le recul… D’autant que les Italiens jouaient à Rome et qu’ils disposaient de davantage de réservistes que l’équipe légendaire de l’époque du maréchal Tito.
Cela fait, conclut l’article, «beaucoup de faveurs de la fortune». Mais «de la chance, il en faut dans le football comme pour le reste»…
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