Benoît XVI: quel héritage?
OPINION. C’est à renouveler la foi, l’espérance et l’amour dans l’Eglise catholique et dans le monde que s’est attelé en priorité le pape Benoît XVI, sans calcul politique, et en affrontant bien des crises, écrit l’abbé François-Xavier Amherdt
«Ne rien préférer à l’amour du Christ» : cette devise de saint Benoît, patron de l’Europe, Joseph Ratzinger l’a faite sienne en choisissant son nom de pape. Il est d’ailleurs resté fidèle à la pensée du père des moines d’Occident, par exemple lors de sa magistrale conférence au Collège des Bernardins à Paris, dans laquelle il a montré que la culture européenne trouvait sa fondation la plus solide dans la recherche permanente de Dieu. Il y avait du reste quelque chose d’un moine chez Benoît XVI, qui n’appréciait pas spécialement les bains de foule ni d’ailleurs les médias du fait de sa timidité et qui, à cet égard, tranche avec son prédécesseur, le géant voyageur Jean Paul II, et son successeur, l’enthousiaste et rusé jésuite François.
Dans son héritage théologique, il convient donc d’inscrire les encycliques consacrées aux trois vertus fondamentales, dites «théologales», Dieu est amour, son document programmatique – assorti de la prophétique présentation du renouvellement de l’enseignement social de l’Eglise catholique ou diaconie; Caritas in veritate – L’Amour dans la vérité; puis la puissante réflexion sur l’espérance, si contemporaine et postmoderne (Sauvés en espérance), dont on a trop peu fait état; enfin, le texte achevé par le pontife argentin, La Lumière de la foi, bien dans la ligne de sa fonction antérieure de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi qu’il a contribué à réformer, écrite à l’occasion de l’année de la foi qu’il a lancée pour les 50 ans de l’ouverture de Vatican II (1962-2012). Il a d’ailleurs toujours plaidé pour une «herméneutique de la continuité» du dernier concile et non de la rupture, c’est-à-dire pour une inscription des réformes de Vatican II dans le prolongement de la Tradition qui le précède.