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Benoîte Groult, ainsi fut-elle

Les réseaux sociaux disent un grand merci à la féministe mais aussi à la militante du droit à mourir dans la dignité. Les hommages sont surtout féminins

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«La vieillesse est si longue qu’il ne faut pas la commencer trop tôt.» Elle avait beaucoup d’humour, Benoîte Groult, décédée lundi, à l’âge de 96 ans. Twitter, sous le hashtag #BenoiteGroult – classé hier en tête des mots dièse en France – a rendu un hommage appuyé à «cette grande dame du XXe siècle», «grande figure du féminisme», «grande amoureuse de la vie». L’adjectif «grande» apparaît quasiment à chaque tweet, comme pour rappeler les multiples vies de l’auteur d’Ainsi soit-elle, formule que de nombreux internautes ont reprise comme un RIP. Toute la journée est aussi réapparue une de ses phrases les plus célèbres: «Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours.» Un mantra exprimé en plusieurs langues, preuve de son rayonnement international.

Ce qui apparaît à travers le fil twitter, c’est la cohérence de son parcours, et l’articulation très subtile qu’elle fait entre le féminisme et le droit de mourir dignement. Son livre La Touche étoile, paru en 2006, a été un best-seller. Elle y parle de la vieillesse qu’on ne peut pas raconter, car ce serait «chercher à décrire la neige à des gens qui vivent sous les tropiques. Pourquoi leur gâcher la vie sans soulager la sienne?» Vieille dame, deux fois liftée comme elle aimait le dire, elle se retrouve dans une situation identique à celle qu’elle a vécue plus jeune: «Réclamant le droit de choisir ma mort comme j’avais réclamé autrefois celui de donner ou non la vie, voilà que je me retrouvais dans la même position de quémandeuse devant la même nomenklatura! Voilà qu’on me parlait comme à une petite fille alors que j’avais le double de l’âge de tous ces médecins et n’étais plus coupable que d’avoir trop vieilli à mon goût! Ma vie n’était donc plus à moi!»

Libre comme elle l’était, avec un goût prononcé pour le plaisir, celle qui a mis «une vie à conquérir la liberté d’être soi» est morte comme elle l’a souhaité: encore vivante et dans son sommeil.